Équation complexe pour Sarkozy au lendemain de la partielle du Doubs

Coincée entre PS et FN, comme l’a montré la législative du Doubs, l’UMP promet de se réinventer au printemps en vue de 2017, mais l’équation s’avère complexe pour Nicolas Sarkozy face à la radicalisation d’une partie de son camp et aux ambitions présidentielles de ses concurrents, à commencer par Alain Juppé.

Au lendemain de l'élection partielle du Doubs, remportée de justesse par Frédéric Barbier, le candidat PS, Edouard Philippe, principal lieutenant d'Alain Juppé, a déclaré que le "ni-ni" (ni vote FN, ni vote PS, position officielle de son parti) ne pouvait "pas gagner". "Ni-ni, c'est très bien, mais le dimanche soir à la fin de l'élection, il y a bien un élu (...) Il faut faire barrage au Front National qui est un parti dangereux pour la France. Je le dis, j'assume, même si cette position est minoritaire" à l'UMP, a lâché le député-maire du Havre.

Le dilemme de Nicolas Sarkozy 

Dans notre pays, la droite ne gagne jamais sans le centre. Jamais" et même, il est "totalement inouï d'imaginer qu'on puisse gagner et gouverner sans le centre", a-t-il encore asséné. Les mots de ce juppéiste de la première heure traduisent le dilemme devant lequel se trouve l'ex-chef de l'Etat et nouveau président de l'UMP Nicolas Sarkozy.

Dans la perspective de 2017, quelle stratégie faut-il adopter pour réussir l'alternance, et, le cas échéant, être celui qui l'incarnera? La place est également convoitée par François Fillon, Bruno Le Maire -ces deux derniers étant positionnés plus à droite que Juppé, ce qui vaut actuellement à le Maire une volée de bois vert du PS-, Xavier Bertrand, peut-être aussi Nathalie Kosciusko-Morizet…

Face à tant de concurrents, le futur candidat (encore officieux) Sarkozy cherche une voie de passage. Aller vers le centre, c'est prendre le risque de fâcher sa droite la plus extrême.

Pendant la campagne pour la présidence de l'UMP, à l'automne, un sondage Harris Interactive avait montré la forte porosité entre "une part significative" de l'électorat UMP et celui du FN (par exemple, 55% des sympathisants UMP se déclaraient favorables à des accords locaux avec le FN au second tour des élections régionales).    

Confusion du message         

Et dimanche, dans le Doubs, une majorité d'électeurs UMP a "manifestement" voté pour la candidate frontiste, croit savoir Florian Philippot, vice-président du FN.

Mais aller trop à droite, c'est le risque de se mettre à dos le centre. Un dilemme qui ressemble à celui auquel il avait été confronté en 2012, l'obligeant à un grand écart qui devait finalement sceller sa défaite.

"Pour avoir trop fait le grand écart, M. Sarkozy est obligé aujourd'hui de la faire la synthèse", analyse Jean-Daniel Lévy (directeur du département politique et opinion d'Harris Interactive), comme on l'a vu lors du BP de mardi, avec l'adoption d'un texte mi-chèvre mi-chou.

Le texte avait beau affirmer que "le FN doit être combattu avec la plus grande fermeté", il n'en invitait pas moins les électeurs doubiens de droite à "exprimer leur double opposition en votant blanc ou en s'abstenant". Texte, selon l'UMP, appelé à faire "jurisprudence" pour toute élection à venir.

"Et pendant que Sarkozy fait du Hollande, Juppé, lui, fait du Sarkozy", en provoquant (quand il parle du MoDem, alors que son président est honni par l'UMP depuis sa décision de voter Hollande en 2012) et en rupture avec Sarkozy (en n'hésitant pas à dire que lui, voterait PS contre le FN), poursuit le politologue.

Nicolas Sarkozy compte sur le nouveau parti pour trouver les bonnes réponses à ces questions et mettre fin à la "confusion du message" de son mouvement, dixit Hervé Mariton. "Le congrès fondateur apportera toutes ces réponses au printemps", espère-t-il.

(Source : AFP)


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