France : 9 ONG saisissent la justice en urgence pour stopper les dérogations aux distances d’épandage

Neuf organisation non gouvernementales dont l’UFC Que choisir ont déposé deux recours devant le Conseil d’Etat contre la décision du gouvernement accordant des réductions supplémentaires pour épandre les pesticides à des distance « encore plus faibles des habitations que celles pourtant insuffisamment protectrices imposées en décembre » selon un communiqué du 23 avril 2020.

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"Sous le prétexte que le Covid-19 empêcherait les consultations du public, le gouvernement recule de nouveau en accordant des réductions supplémentaires pour épandre les pesticides à des distances encore plus faibles des habitations que celles pourtant insuffisamment protectrices imposées en décembre", dénoncent les ONG. Afin de protéger les riverains contre cet abus manifeste, elles déposent deux recours devant le Conseil d’Etat contre cette décision inadmissible.

Les ONG concernées sont : Générations Futures, UFC-Que Choisir, Collectif de Soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, France Nature Environnement, Union syndicale Solidaires, Eau et Rivières de Bretagne, AMLP, et la LPO sont requérantes - le Collectif Victimes des Pesticides des Hauts de France est en soutien car organisation non constituée.

"Ces dérogations permettent de passer outre le processus de concertation à l’initiative des utilisateurs de pesticides"

Selon l'UFC Que choisir dans un communiqué,"le gouvernement avait organisé durant l’automne 2019 une parodie de consultation nationale aboutissant à des distances d’épandage des pesticides ridiculement faibles". Certaines des organisations comme Générations Futures, avaient alors dénoncé et attaqué ces mesures devant le Conseil d’Etat. "Mais voilà que profitant du Covid-19, le gouvernement a adopté une instruction et communiqué sur la possibilité de réductions supplémentaires !", s'indigne l'association de consommateurs. "Ces dérogations permettent de passer outre le processus de concertation à l’initiative des utilisateurs de pesticides et l’obligation faite dans la Loi de respecter des zones sans traitement en l’absence de chartes, chartes dont la démarche de concertation et le contenu doivent être approuvés par les préfets !"

L'UFC Que choisir ajoute : "En clair pas besoin de concertations autour de chartes, ni d’approbations préfectorales, il suffit d’un simple projet de charte pour pouvoir pulvériser des produits toxiques à des distances encore plus faibles des habitations et des riverains qui y sont confinés, et ce jusque fin juin, période durant laquelle les épandages sont nombreux !"

"Un facteur aggravant les conséquences d’une infection par le Covid-19"

Cette situation est d’autant "plus inquiétante" selon les associations qu’une exposition chronique à la pollution de l’air serait considérée par ATMO-France comme "un facteur aggravant les conséquences d’une infection par le Covid-19". L'UFC Que choisir explique qu"'il serait justifié, dans de telles circonstances sanitaires, d’éloigner les pulvérisations de pesticides des domiciles des riverains des zones cultivées".

Malgré la forte mobilisation de collectifs, d’associations et de citoyens qui ont interpellé les préfets sur ce sujet depuis plusieurs jours, aucune annonce de mesures visant à éloigner les épandages n’a été faite. "Au contraire, dans de nombreux cas les distances sont fortement réduites, en témoigne les chartes proposées actuellement en Bretagne ou dans le Nord, ou encore dans les Pays de Loire dans 5 départements : Loire-Atlantique, Maine et Loire, Mayenne, Sarthe et Vendée, des chartes ont été déposées par les syndicats agricoles divisant les distances nationales par quasiment 2 voire 3 selon les cultures, sans concertation réelle !"

"Des actions juridiques indispensables"

"Parce que le Gouvernement refuse de répondre à nos organisations sur ce sujet, que les conditions de dialogue et de participation de nos organisations ne sont pas réunies pour réellement atteindre le « mieux-vivre ensemble », et que les préfets font également la sourde oreille", les associations ont donc décidé d’engager deux recours : l’un sur le fond devant le Conseil d’Etat et l’autre en référé suspension contre :

(Communiqué)

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