Il n’y aura pas de crème de cassis de Dijon “Made in China”

Les fabricants de la crème de cassis de Dijon, tenus de produire leur liqueur dans cette commune uniquement, ont réussi à déjouer la tentative d’une société chinoise de fabriquer la boisson dans son pays sous la marque « Dijon ».

© Pezibear-Pixabay

"Nous sommes ravis", a lancé Claire Briottet, présidente du Syndicat des fabricants du cassis de Dijon, en annonçant lundi une "victoire" obtenue après près de deux ans de procédure.

En juillet 2019, l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) alerte l'organisation d'une demande d'enregistrement, en Chine, de la marque "Dijon", en français et en chinois, par une entreprise de vins et spiritueux chinoise, dont le nom n'a pas été divulgué.

"Ils auraient pu alors écrire - Crème de Cassis Dijon - sur une bouteille d'eau, avec du sucre et de l'arôme, et inonder le marché", explique Mme Briottet, également directrice de la Maison Briottet, un des quatre fabricants de crème de cassis de Dijon, avec Gabriel Boudier, Lejay et L'Héritier-Guyot.

La crème de cassis de Dijon, dont un quart des quelque 8,5 millions de bouteilles produites par an est écoulé à l'étranger, se vend peu en Chine. Mais elle est par exemple très réputée au Japon, qui représente son premier marché à l'export.

Une menace directe contre "Cassis de Dijon"

Pour les producteurs, le dépôt d'une marque "Dijon" en Chine représentait donc une menace directe contre l'indication géographique protégée "Cassis de Dijon", accordée le 7 août 2013, et qui oblige que toute crème de cassis soit macérée dans la commune même de Dijon, avec au moins 200 grammes de cassis par litre.

Le Syndicat lançait alors, avec l'INAO, une procédure auprès de la China National Intellectual Property Administration, équivalent de l'Institut national de la propriété intellectuelle (INPI) en France. Et, le 3 décembre 2020, l'institut chinois donnait droit aux Dijonnais, reconnaissant que le dépôt d'une marque "Dijon" en Chine serait "susceptible de générer de la confusion et une identification erronée". Le dépôt d'une telle marque est "d'évidence mal intentionnée et laisserait cours à un grand nombre de dépôts de marques similaires", selon la décision de l'administration chinoise, dont l'AFP a obtenu copie.

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Cette "victoire" permet de sauver la typicité d'un produit créé en 1841, l'année de "son 180e anniversaire", se félicite Mme Briottet. Mais elle est aussi "symbolique", selon le syndicat des fabricants, car elle protège "le nom du territoire en tant que marque à l'international".

(AFP)

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