La femme gourou Éliane Deschamps condamnée à deux ans avec sursis

Après vingt ans de procédure, la femme gourou Éliane Deschamps, qui assure que la Vierge lui apparaît tous les 15 du mois, a été condamnée, lundi 31 janvier 2022 à Dijon, à deux ans de prison avec sursis pour abus de faiblesse.

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Le tribunal correctionnel de Dijon a infligé la même peine à Daniel Delestrac, coprévenu de 75 ans et bras droit de Mme Deschamps.

Ces peines sont supérieures aux réquisitions de l'accusation qui avait demandé un an de prison avec sursis, estimant que Mme Deschamps, 67 ans, avait enfermé ses adeptes dans une "prison spirituelle" au nom de la Vierge Marie.

"C'est un message fort. L'emprise est reconnue", a réagi Loïc Duchanoy, un des avocats des plaignants, se disant "satisfait".

Les prévenus sont par ailleurs condamnés à verser de 2.000 euros à 20.000 euros de dédommagement à sept parties civiles.

Mais la cour n'a reconnu coupable les deux prévenus que pour les plaintes des anciens adeptes et non des actuels membres. "Ceux qui sont sortis de la secte sont des victimes mais ceux qui y sont toujours n'en sont pas. Cela nous surprend beaucoup", a ajouté Me Duchanoy. "C'est curieux", a-t-il déclaré, attendant de voir si le parquet fera appel.

"Ce n'est pas cohérent", a également estimé Didier Pascaud, avocat d'Éliane Deschamps, qui avait demandé la relaxe de sa cliente. "Cela nous laisse perplexe. S'il y a emprise, tout le monde est sous emprise", a-t-il ajouté, sans se prononcer sur un éventuel appel.

Lors du procès en novembre, intervenu après vingt ans de procédure, l'accusation avait dénoncé la "vaste supercherie" des apparitions revendiquées par Mme Deschamps. "La gourelle théâtralise" ces soi-disant apparitions, avait dit le procureur adjoint, Pascal Labonne-Collin, afin d'"attirer du monde" dans la communauté dont le nom, "Amour et miséricorde", masque un "abus de faiblesse parfaitement constitué".

Par la "soumission", avait-il argué, la prévenue a enfermé les membres de sa "secte", toujours en activité à Petit-Noir dans le Jura, dans une "prison spirituelle", les menaçant de "bannissement" et menant des "procès quasi-staliniens où on accuse en public".

Rodolphe Bosselut, autre avocat des parties civiles, avait rappelé qu'un prêtre avait rendu visite à la communauté, dès 2003, et acquis la conviction que sa fondatrice était "une manipulatrice".

Les adeptes sont "des objets entre les mains" d'Éliane Deschamps, avait abondé Loïc Duchanoy, évoquant un "conditionnement". Les prévenus encouraient cinq ans d'emprisonnement et 750.000 euros.

(AFP)

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