Laurent, l’homme aux plus de 400 poupées Barbie…

PORTRAIT • Bisontin depuis une vingtaine d’années, natif du sud la France, Laurent, 47 ans, fait la collection des poupées Barbie. Dans son appartement, qu’il partage avec son mari, une chambre de 16 m2 est consacrée à plusieurs centaines poupées et leurs accessoires… Rencontre.

Laurent, l'homme aux plus de 400 Barbie © JC Polien

C’est à l’âge de 4 ans que Laurent découvre l’univers de Barbie, cette poupée créée en 1959 aux États-Unis et qui va révolutionner le monde du jouet et surtout celui des petites filles de l'époque qui avaient enfin autre chose à faire que de jouer à la maman et à la ménagère. ”C’est ma tante qui m’a offert ma première poupée, Beautiful bride, en 1978. Ça a été le déclenchement d’une longue histoire d’amour”, nous confie-t-il, avant de nous raconter : ”quand j’étais petit, j’ai beaucoup joué à la poupée, à la Barbie, j’étais déjà très intéressé par la mode, mais je ne jouais pas avec les filles parce qu’elles se contentaient d’un bout de chiffon et d’un noeud pour les habiller, alors je jouais plutôt en solitaire parce que pour moi, il fallait qu’elles soient habillées avec les escarpins et tous les accessoires et j’y ai joué honteusement jusqu’à 14 ans avant de me dire qu’il fallait arrêter les conneries, on est un grand garçon et en plus les garçons ça ne joue pas aux Barbie… et j’ai tout balancé, dispersé ou jeté à la poubelle”. Sauf une qu’il achètera pour pouvoir jouer ”en cachette” et lui coudre des vêtements pendant son temps libre.

© Alexane Alfaro

400 poupées Barbie

Sa collection actuelle n’a donc pas commencé dès son plus jeune âge. Les Barbie que Laurent a pu garder tout au long de sa vie ont toutes fait le saut dans les ordures jusqu’il y a 10 ans, lorsqu’il décide de les collectionner sérieusement. Aujourd’hui, Laurent compte 300 poupées exposées dans leur chambre attitrée et une centaine sont rangées dans des cartons. ”Celles exposées correspondent à ma période, les années 70 et 80, celles que j’avais enfant et celles qui m’ont fait rêver quand j’étais gosse”, nous raconte le collectionneur.

Aujourd’hui, Laurent continue d’en acquérir, mais moins souvent parce qu’il considère qu’il a toutes celles qu’il veut. Pour lui, ”le but de la chasse, c’est d’arriver à trouver des Barbie, trouver des morceaux de décor pour obtenir l’état d’origine, j’en ai de plus en plus, mais c’est compliqué aujourd’hui de trouver le Graal parce qu’on en trouve de moins en moins en vide-grenier et aussi parce que les prix se sont enflammés ces derniers temps !”.

Du côté du porte-monnaie et du budget Barbie, difficile pour Laurent de faire le calcul. En revanche, ses trouvailles ayant été faites lors de ventes de seconde main, ”ça ne m’a quasiment rien coûté”, nous dit-il.

Tout cela pour dire que cette fois-ci, il ne se débarrassera plus de sa collection.

Pourquoi Barbie ?

Pour Laurent, la poupée Barbie n’est pas seulement un jouet que l’on accessoirise, ça va bien plus loin que ça : ”elle correspond à mes premiers chocs cinématographiques avec Autant en emporte le vent ou Angelique princesse des anges, des films avec des héroïnes émancipées, libres, belles, sublimement habillées, glamours…”, se remémore le collectionneur, ”ma rencontre avec Barbie était l’occasion d’avoir cet univers, de jouer avec et d’être plongé dedans.”

Quand on lui demande sa poupée préférée, il nous répond : ”c’est comme demander à des parents s’ils ont un enfant préféré”, avant de nous expliquer qu’il en a beaucoup et que les Barbie qu’il préfère ne sont ”surtout pas les princesses, ce ne sont pas les versions avec la maman, les enfants, ni dans la cuisine, pour moi, les Barbie doivent être féminines, émancipées, libérées, ce sont vraiment celles des années 70 et 80, elles ressemblent à de vraies femmes, avec des longueurs de cheveux normales, des working girls.”

© Alexane Alfaro

 Et Ken dans tout ça ? ”J’avoue que je l’aime beaucoup, j’en ai deux ou trois, mais si j’avais plus de place, je me lancerais bien dans la collection… Mais dans le fond, c’est dire à quel point elle est émancipée Barbie, Ken est un accessoire, il n’y a pas la maison de Ken par exemple !”

 La Barbie, est-elle encore un cadeau incontournable pour les enfants aujourd’hui ?

Suite au sondage de la semaine de maCommune.info, nous avons directement posé la question à Laurent pour connaître son point de vue. Pour lui, ”à l’époque, on jouait à la Barbie, petite fille ou petit garçon, dans ma génération, pour un petit garçon, ce n’était même pas la peine d’y penser… Maintenant, j’espère que ça s’est démocratisé, que les petits garçons y jouent sans honte, mais je pense que ce n’est pas tout à fait le cas.”

De plus, selon Laurent, ”avant, on y jouait jusqu’à 13-14 ans sans avoir trop honte, mais maintenant, je pense que c’est vraiment pour les petits enfants et ça, c’est quelque chose qui a beaucoup changé.” Et d’ajouter que de nombreux efforts d’inclusion ont été réalisés sur les poupées : ”il y a des Barbie en fauteuil roulant, des plus dodues, etc. (La première Barbie à la peau noire a été lancée en 1980, ndlr) Je ne sais pas si ça peut donner envie de s’identifier ou pas, en tous cas, pour moi, on ne s’identifie pas à un bout de plastique, quand on joue, on est Superman, Wonderwoman, on joue rarement à la secrétaire-comptable, on n’a pas le problème de faire les courses… Jouer, ce n’est pas la vraie vie. Et tout ce qu’on reproche à Barbie d’être trop fine, trop grande, trop blonde… Les garçons avaient les Maîtres de l’Univers avec Musclor, un petit bonhomme avec un air méchant et des muscles partout et qui ne correspondait pas aux critères physiques réels non plus… je pense que les enfants font la différence.”

© Alexane Alfaro

Barbie signée Greta Gerwig au cinéma, on en parle ?

Ce mercredi 19 juillet, la réalisatrice américaine Greta Gerwig sort son dernier film : Barbie. L'histoire : Barbie, qui vit à Barbie Land, est expulsée du pays pour être loin d'être une poupée à l'apparence parfaite ; n'ayant nulle part où aller, elle part pour le monde humain et cherche le vrai bonheur.

Laurent a prévu d’aller au cinéma pour aller voir le film, mais sans aucune impatience, contrairement à ce que l’on pourrait penser. ”Je n’ai pas vraiment d’attente, j’attends de voir… Je suis un peu partagé, on verra comment c’est traité : le premier teaser m’avait bien amusé avec la référence à 2001 : Odyssée de l’espace… après, l’intégration de Barbie dans le vrai monde, je ne sais pas et puis j’espère que dans le monde de Barbie, il y aura des références aux vrais jouets.”

© Alexane Alfaro
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