Les réactions en Franche-Comté sur l’adoption de la loi Duplomb

Après l’adoption de la loi agricole Duplomb-Menonville par le Parlement mardi 8 juillet 2025, de vives réactions ont émergé d’un peu partout en Franche-Comté. Partis politiques et groupes d’élus ont fait savoir leur mécontentement par le biais de différents communiqués de presse. 

Illustration © Alexane Alfaro

Réaction du groupe écologistes & Solidaires de Bourgogne-Franche-Comté 

Loi Duplomb : la loi poison finira aux poubelles de l’histoire, la contre-offensive commence !

Face à ce texte rétrograde, le gouvernement a perdu la bataille de l’opinion. 83% des françaises et des français sont opposés aux retours des pesticides dangereux.

Au lendemain d’une canicule de niveau d'alerte rouge, les trumpistes à la française, sous la pression de l’extrême droite, donnent le feu vert à la déconstruction de toutes les protections sociales et sanitaires. C’est le point de départ du démantèlement de la Charte de l’environnement de Jacques Chirac.

Les 23 député·e·s de Bourgogne Franche-Comté qui ont voté ce texte sont désormais comptables de ce saccage. Vous avez perdu les malades des pesticides, les scientifiques, les médecins, les apiculteurs, une partie des agriculteurs et toutes celles et ceux qui aiment la nature.

Derrière le camouflage de la levée des contraintes, tout le monde a bien compris qu’il ne s’agit pas d’une loi pour aider l’agriculture, mais d’une loi d’empoisonnement alimentaire et de la nature.

Le constat est affligeant : retour des néonicotinoïdes qui empoisonnent les bébés dans le ventre de leur mère, interdiction d’interdire les pesticides dangereux qui provoquent des épidémies de cancers, fermes usines avec leurs cortèges de risques sanitaires, mal adaptation climatique pour la ressource en eau.

La bataille pour la santé environnementale ne fait que commencer ! Nous voulons des agricultrices et des agriculteurs dont les revenus sont garantis, des campagnes pleines de vie et non un long printemps silencieux, des enfants en pleine santé et une alimentation saine accessible à toutes et à tous et enfin en finir avec la malbouffe et les pesticides dans nos assiettes.

Le groupe Écologiste et Social à l’Assemblée nationale déposera cette semaine un recours devant le Conseil constitutionnel pour faire censurer plusieurs dispositions contraires à la Charte de l’environnement et au bloc constitutionnel.

Les écologistes se joindront à toutes initiatives citoyennes et associatives qui se lèveront dans les prochaines semaines.

Claire Mallard, présidente de groupe Écologistes & Solidaires, Région Bourgogne Franche-Comté (majorité régionale).

Réaction des Écologistes Nord Franche-Comté

Site du Mittan de Montbéliard : le double jeu toxique de Mme Grangier sur la santé

En façade le Rassemblement national fait mine de défendre des causes nobles : préserver l’implantation du site Mittan de Montbéliard pour un meilleur accompagnement des personnes malades du cancer.

Hier mardi 8 juillet, les masques sont tombés : Mme Grangier a voté la proposition de loi Duplomb qui réintroduit les néonicotinoïdes. Des pesticides, dont l’acétamipride, interdits depuis 2018 pour les risques sanitaires qu'ils font peser sur la santé humaine et la biodiversité, dont nos précieuses abeilles.

Médecins, malades et familles de malades, ainsi que de nombreux agriculteurs (les premiers exposés !) s'opposent à ce retour en arrière historique sur la protection de la santé et une attaque sans précédent sur la science.

Aussi, faire mine de défendre les malades du cancer pour mieux sacrifier la santé à l'autel de l'agro chimie exportatrice et les cortèges de cancers qu’elle provoque, est abjecte.

Les député·e·s qui ont voté cette loi seront comptables des agriculteurs, de leurs enfants et de toutes celles et ceux malades de cancers provoqués par l’usage de ces produits et des cocktails d’exposition.

Réaction du parti Renaissance du Territoire de Belfort

Acétamipride : une décision regrettable sur le fond, révélatrice d’une incohérence européenne

La réintroduction de l’acétamipride, dans le cadre de la loi Duplomb, est une décision regrettable du point de vue environnemental. Cette molécule, interdite en France depuis 2020, suscite des inquiétudes légitimes quant à son impact sur la biodiversité et la santé publique.

Pour autant, il faut reconnaître que cette mesure met en lumière une contradiction flagrante : l’acétamipride reste autorisé au niveau européen, et les denrées traitées avec cette substance circulent librement sur le marché français. Dans ce contexte, la réautorisation partielle décidée par le Parlement relève d’un certain bon sens pragmatique, même si elle ne constitue pas une solution satisfaisante sur le fond.

Ce débat aurait mérité une approche plus rigoureuse et structurante, orientée vers les véritables défis du monde agricole : revenu, transition écologique, compétitivité durable. Au lieu de cela, il a donné lieu à une séquence de communication politique, où les postures ont parfois pris le pas sur la cohérence.

Le fond du problème est européen. Tant que les règles d’usage des produits phytosanitaires ne seront pas harmonisées au niveau de l’Union, les efforts faits à l’échelle nationale seront exposés à ce type de contradictions. Il faut porter, avec ambition et responsabilité, une exigence de clarté et de cohérence dans les politiques agricoles européennes.

Protéger la santé, soutenir la transition agroécologique et garantir une concurrence loyale : ces objectifs ne sont pas incompatibles, ils doivent être alignés.

Bien cordialement,

Mehmet Birsen, responsable Parti Renaissance - Territoire de Belfort.

Réaction du groupe Doubs Social Écologique et Solidaire

Comté : une convention citoyenne pour se poser les bonnes questions

Le DSES exprime ses plus vives inquiétudes après l’adoption définitive de la loi Duplomb, qui vise à "lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur". Nous réaffirmons que le respect de normes exigeantes est indispensable pour préserver l’environnement, la santé publique et les paysans eux-mêmes.

Ce recul écologique insensé aggrave une situation déjà très problématique. Nous en savons quelque chose dans le Doubs, où malgré un cahier des charges de l’AOP comté restrictif et rigoureux, de graves atteintes aux écosystèmes, et en particulier aux rivières, sont constatés.

La dernière polémique en date autour du comté et de son impact avéré sur l’environnement a eu un fort retentissement national. L’origine en est la publication d’un article mensonger du Figaro Magazine qui s’en prend aux « écologistes », qualifiés de « khmers verts » et à qui l’on prête la volonté d’interdire le fromage AOP le plus vendu en France.

Avec un degré de passion et de mauvaise foi sans précédent, des irresponsables politiques surfent sur cette fake news. Ils raillent « l’écologie punitive », qualifient d’extrémistes ceux qui souhaitent concilier production et préservation de la planète, défendent aveuglément le comté en faisant semblant de ne pas voir le problème.

Face à l’évidence, aux constats de terrain et aux études scientifiques, il est temps de sortir du déni et de se poser les bonnes questions. Veut-on retrouver des rivières en bon état écologique ? Si oui, quelle est la production laitière adaptée à cet objectif ? Comment compenser la perte de revenus des agriculteurs qui résulterait d’une diminution du volume de lait ?

Contrairement aux propos scandaleux attribués à la ministre doubienne de l’Agriculture, qui aurait incité les agriculteurs à « viser les élus de gauche » pour défendre le retour aux pesticides tueurs d’abeilles et détricoter la politique environnementale la plus élémentaire, nous appelons à la tenue d’un débat serein.

Nous appelons à l’organisation d’une conférence citoyenne locale qui aurait pour objectif de répondre à la problématique suivante : quel équilibre trouver entre préservation de l’environnement et fabrication de comté ?

La position défendue par le DSES ne varie pas : si l’on veut continuer de savourer du comté tout en jouissant de rivières en bon état écologique et en prenant en compte le changement climatique qui réduit déjà la quantité de fourrage disponible, il faudra produire moins de lait.

Doubs Social Écologique et Solidaire, Groupe des élus de la minorité du Conseil départemental du Doubs

Réaction de Marie-Guite Dufay, Jérôme Durain et Christian Morel (Région)

Le Parlement a adopté ce 8 juillet la proposition de loi, dite "loi Duplomb", visant à simplifier l'exercice du métier d'agriculteur. Marie-Guite Dufay, présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté déplore une occasion manquée d'apporter de véritables mesures de simplification pour les agriculteurs, et une régression grave pour l'agriculture, la santé humaine et environnementale.

La présidente de Région s'inquiète des conséquences néfastes de cette loi: "Si la simplification du métier d'agriculteur est nécessaire et attendue, elle ne peut se faire au détriment de la santé des agriculteurs eux-mêmes, des équilibres environnementaux et de la cohésion territoriale." Elle dénonce une législation dictée par un rejet du discours de la communauté scientifique, en dépit de leurs alertes et oppositions quant à la réintroduction de produits phytosanitaires.

Jérôme Durain, président du groupe Notre Région Par Cœur, rappelle quant à lui son attachement à une agriculture ancrée dans les territoires et proche de leurs habitants. "Cette loi risque de fracturer une fois de plus le lien entre agriculture et société, alors même que le modèle agricole doit s'appuyer sur l'acceptation sociale. Sous couvert de simplification du métier, elle va renforcer des stigmatisations dont l'agriculture n'a pas besoin, suscitant un rejet des territoires à l'encontre des ouvrages de stockage d'eau ou des élevages intensifs".

Christian Morel, vice-président en charge de l'agriculture, de la viticulture et de l'agroalimentaire, souligne par ailleurs: "Notre région porte des modèles qui prouvent qu'exigence environnementale et rémunération équitable peuvent aller de pair: la filière Comté ou les vins de Bourgogne, avec leurs cahiers des charges exigeants, assurent la durabilité et la rémunération des productions. De nombreuses initiatives en région émergent en ce sens. Je pense au projet porté par l'association Eau et Agriculture Durables du Châtillonnais ou celui porté par la coopérative céréalière SeineYonne. En s'appuyant sur la connaissance scientifique, ces projets font évoluer dans le bon sens les pratiques de l'élevage, des grandes cultures ou de stockage de l'eau".

Les trois élus regrettent que ce texte ne réponde à aucune des préoccupations des agriculteurs en matière de juste rémunération et de foncier agricole, indispensables pour renforcer l'attractivité du métier et relever le défi du renouvellement des générations.

Le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, contrairement à l'opportunisme politique de ce texte. poursuivra ses efforts pour accompagner et soutenir chaque filière et chaque agriculteur en faveur d'une agriculture durable, rémunératrice et pleinement intégrée à la vie des territoires.

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