Meurtre en bande organisée d’Houcine Hakkar : plusieurs personnes risquent la réclusion criminelle à perpétuité…

C’est une affaire hors norme qui entoure l’assassinat de Houcine Hakkar, ce jeune mécanicien de 22 ans, victime « collatérale » de l’un des multiples règlements de comptes qui minent le quartier de Planoise. Entre armes lourdes et messagerie cryptée, plusieurs personnes ont été placées en examen…

© Hélène Loget

Des "méthodes de tueur"

Les faits remontent au 8 mars. Houcine Hakkar circulait avec un passager dans les rues de Besançon lorsqu'il a été pris en chasse par un véhicule dont les occupants ont ouvert le feu sur le sien. Houcine, qui devait fêter ses 23 ans le lendemain, avait été mortellement atteint par plusieurs balles. "Le tireur avait pris soin de faire une entaille sur la tête de l'ogive. Ce sont des méthodes de tueur", souligne ce vendredi 21 mai 2021 Etienne Manteaux, le procureur de Besançon.

Le passager a, lui aussi, été blessé par arme à feu. Au total, 28 traces d'impact ont été relevées sur la voiture.

Cette fusillade est liée à la série de violences et de tentatives d'assassinats constatées de décembre 2019 à mars 2020 à Planoise, quartier sensible dit de reconquête républicaine de l'ouest de Besançon où vivent 20.000 habitants, a indiqué Etienne Manteaux.

Féru de mécanique, Houcine Hakkar était descendu voir la voiture de son ami, récemment achetée. Les assaillants avaient alors confondu cette dernière avec celle censée appartenir au clan rival...

Utilisation de téléphones avec messagerie cryptée...

La confusion des assaillants a été vérifiée suite à un long travail d'investigation mené sur des données cryptées. Les auteurs de l'opération utilisaient des téléphones "PGP"( qui permettent d'avoir un haut niveau de protection et de confidentialité) sur lequel le logiciel est installé et transfère les messages de manière cryptée.

C'est la Juridiction interrégionale spécialisée de Lille (spécialisée dans la délinquance très organisée) qui a mené une opération de démantèlement d'un important réseau de trafic de stupéfiants. Les enquêteurs et magistrats ont alors constaté que les auteurs utilisaient des téléphones PGP.

Après être parvenu à décrypter les données, "il s'est avéré que des personnes appartenant au clan dit de Picardie utilisaient des téléphones avec cette technologie (...) cela a permis de comprendre ce qui c'était passé et amené ce drame", indique le procureur.

Voici quelques messages décryptés :

Huit personnes impliquées...

Suite au long travail d'investigation et d'analyse des données cryptées, plusieurs personnes ont été déférées devant le parquet de Besançon( huit personnes ont utilisé la messagerie cryptée). Deux personnes l'ont été ce jeudi, deux l'ont été ce vendredi matin et deux autres le seront cet après-midi. Au total, cinq personnes ont été placées en examen, le sixième sera bientôt présenté au juge d'instruction. Dans les heures qui viennent, ils comparaîtront devant le juge des libertés et de la détention.

La septième personne n'a pas encore été présentée suite à un motif juridique. En effet, il s'agit d'un homme arrêté dans un hôtel du centre-ville de Barcelone le 8 mars 2021 (il se trouvait sous le coup d'un mandat d'arrêt émis par le procureur et un juge d'instruction du tribunal de Besançon). Le juge sera sollicité pour obtenir une extension de l'extradition.

Le chef d'inculpation retenu est celui de "meurtre en bande organisée". Ils encourent la prison à perpétuité.

Une huitième personne serait en fuite. "La Justice est patiente. La vie de fugitif n'est pas simple. Je vous dis avec certitude que cet individu sera un jour ou l'autre présenté à un juge et placé en détention compte tenu des attaches familiales qu'il a ici", affirme avec fermeté Etienne Manteaux.

À Magali Caillat, directrice territoriale de la police judiciaire sur la région Bourgogne Franche-Comté d'ajouter : "La police est allée jusqu'en Espagne. Si elle doit aller dans d'autres pays, elle ira".

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