Nicolas Zepeda : “Je n’ai pas tué Narumi”

Le Chilien Nicolas Zepeda a assuré mardi qu’il n’avait « pas tué Narumi » Kurosaki, son ex-petite amie japonaise, au premier jour de son procès pour assassinat devant la cour d’assises du Doubs à Besançon.

© Alexane Alfaro

"Je tiens à dire clairement que je n'ai pas tué Narumi, je nie de toutes mes forces ces accusations", a déclaré en espagnol l'homme de 31 ans, évoquant "une accusation monstrueuse" à son encontre.

"Cela fait cinq ans que Narumi a disparu et depuis lors cela a été un cauchemar. J'ai Narumi dans mes pensées depuis cinq ans et je ressens le chagrin immense de sa famille", a-t-il également affirmé, la voix brisée par l'émotion, selon des propos traduits simultanément en français.

Lui faisant face sur le banc des parties civiles et très émues, la mère et la plus jeune soeur de Narumi Kurosaki l'ont regardé fixement alors qu'elles avaient jusque là évité son regard.

Le Chilien est jugé depuis mardi à Besançon pour l'assassinat de son ex-petite amie, qui faisait des études de français en France et n'a plus été revue depuis le 4 décembre 2016. Le procès doit se prolonger jusqu'au 12 avril.

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Après la journée de mardi qui visera principalement à cerner la personnalité de l'accusé, les témoins seront entendus à compter de mercredi avant que l'accusé ne soit interrogé le lendemain sur les faits proprement dits, selon le planning prévu.

Témoins en visio

En détention provisoire depuis l'été 2020 après son extradition du Chili, l'homme vêtu d'une chemise bleu clair et cravate sombre est apparu serein et concentré à l'ouverture de son procès. Econduit à l'automne 2016 par Narumi Kurosaki qu'il avait rencontrée à l'université au Japon, Nicolas Zepeda est accusé d'avoir prémédité le meurtre de la jeune femme de 21 ans qui étudiait le français à Besançon et n'a plus été revue depuis le 4 décembre 2016.

Le président de la cour Matthieu Husson, qui avait déjà officié pour le procès de Jonathan Daval à Vesoul fin 2020, a souligné d'emblée que ce procès "se distingue par son internationalité" sur "une amplitude horaire de douze heures".

Certains témoins seront entendus en visioconférence depuis le Japon et le Chili et six interprètes sont chargés d'assurer la traduction simultanée de l'intégralité des débats en japonais et en espagnol.

Selon l'accusation, Nicolas Zepeda a étouffé son ex petite amie après une journée et une nuit de retrouvailles, s'est débarrassé de son corps dans une forêt du Jura et a envoyé des messages aux proches de l'étudiante sur les réseaux sociaux pour leur faire croire qu'elle était encore vivante et retarder le début des recherches.

Mais le corps de Narumi Kurosaki n'a jamais été retrouvé et Nicolas Zepeda, unique suspect, affirme l'avoir quittée vivante avant de poursuivre son séjour en Europe puis de rentrer au Chili.

"Il n'y a pas de preuve de décès, ni de lieu, ni de modalités précises, pas de scénario clair de ce qui est arrivé. (...) Ce dossier est un peu un château de cartes", a soutenu, en amont du procès, la défense de Nicolas Zepeda.

- "Strictement aucun doute" -

Du côté des parties civiles, la famille de Narumi Kurosaki et son petit ami français au moment des faits, Arthur Del Piccolo, s'attendent à ce que Nicolas Zepeda propose "d'autres scénarios que celui qui l'accuse".

"Nous n'avons strictement aucun doute concernant l'implication de Zepeda parce que de nombreux éléments au dossier établissent cette implication", affirme Me Randall Schwerdorffer, avocat de M. Del Piccolo.

Parmi ces éléments figurent des données de téléphonie, la géolocalisation de la voiture louée par Nicolas Zepeda lors de son séjour en France, des achats par carte bancaire dont celui d'un bidon de produit inflammable et d'allumettes ou le témoignage troublant d'un cousin auquel il avait rendu visite en Espagne avant de retourner au Chili.

Fiers de leur fille et de ses brillantes études, les parents séparés de Narumi attendent avant tout de ce procès que Nicolas Zepeda passe aux aveux. "Ils voudraient revenir avec le corps de leur fille" pour lui offrir des funérailles et pouvoir enfin faire leur deuil, a souligné Me Sylvie Galley, leur avocate.

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