La pénurie de bitume touche aussi la Franche-Comté…

Depuis plusieurs semaines, les entreprises de travaux publics peinent à être approvisionné en bitume en France, y compris en Franche-Comté pour l’entreprise de travaux publics Colas. Cette pénurie, qui n’est pas un fait nouveau, entraine notamment des retards de chantier en cette période estivale propice aux grands travaux dans les collectivités. Franck Olszak, directeur d’agence de l’entreprise Colas pour le Doubs nous en parle.

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Le syndicat professionnel Routes de France a alerté dans un communiqué diffusé le 13 juillet 2018 des "difficultés d'approvisionnement en bitume, produit de base nécessaire à la fabrication des enrobés", "une pénurie qui impacte la réalisation des chantiers routiers, de voiries et d'aménagements urbains", souligne le syndicat. Toutefois, il avoue que "la raison exacte, on ne la connaît pas."

"C'est pas rigolo"

L'entreprise de travaux publics Colas, à Dannemarie-sur-Crête, mobilisée sur de nombreux chantiers dans le Doubs, n'est pas épargnée par cette pénurie. "Pour l'instant, on souffre surtout d'une pénurie d'enduit superficiel dans le Doubs, on n'arrive plus à avoir de bitume et on a dû arrêter la campagne d'enduit", nous précise Franck Olszak.

"Puisqu'il a fait mauvais au mois de juin et qu'il y a eu plus de demandes que d'habitude, ces commandes ont été reportées sur juillet, il y a des raffineries qui en ont profité pour faire des entretiens et qui ont été arrêtées plus longtemps que prévu, il y a eu la grève SNCF, des agriculteurs ont bloqué des usines en juin, ce qui a aussi décalé des commandes", explique-t-il.

Le directeur d'agence tire la sonnette d'alarme : "C'est pas rigolo, on a un gros chantier à faire à Pontarlier sur la RN57, on nous promet qu'on aura le bitume, mais ça on le saura uniquement la veille du commencement des travaux."

Les prix grimpent...

Et puisqu'il y a pénurie, les prix grimpent. "Les pétroliers en profitent pour augmenter leurs prix, donc les transporteurs augmentent les prix, donc de notre côté, on ne se retrouve pas dans les devis que nous avions faits, on n'avait pas prévu ça", souligne Franck Olszak. "Il y a des travaux qu'on ne pourra plus faire à partir de septembre. Les enduits notamment, car ça demande des techniques particulières : s'il fait pas beau et qu'il fait chaud, on ne peut plus les faire, et il faut faire ça avant que le froid sinon ça ne prendra pas."

Quelles conséquences pour l'entreprise ?

Pour l'entreprise Colas, comme toutes les autres entreprises du secteur, les plannings des salariés et chantiers sont chamboulés.

"Actuellement, une quinzaine de salariés a dû être replacée dans les équipes alors qu'il y avait un chantier de 2 mois qui était prévu sur la N57", décrit Franck Olszak. "C'est compliqué de changer sans arrêt les plannings, puisqu'un jour on a du bitume, un jour on en a plus… On est dans l'incertitude quant à la programmation de nos chantiers, on sait au jour le jour."

Plusieurs fois, des porteurs de bitume en provenance des centrales d'enrobé sont attendus par l'entreprise Colas, mais n'arrivent finalement pas pour livrer le bitume tant attendu.

"Parfois on en a besoin pour le lendemain parce qu'on travaille à flux tendu, on n'arrive plus à faire de stock, donc c'est un souci. C'est quand même ce genre de travaux qu'on fait à cette période de l'année !" souligne le directeur d'agence.

Existe-t-il des solutions de remplacement ?

"Non, il n'y a pas d'autres produits que le bitume pour faire des travaux routiers", selon Franck Olszak. "Il y a en effet des essais avec des liants végétaux, mais à des prix astronomiques et on ne peut pas se permettre d'en faire partout. Il y a également des liants de synthèse, mais ce n'est pas du tout compétitif à cinq fois le prix des enrobés normaux. Les communes n'auront pas l'argent pour utiliser ça."

Infos +

Les entreprises sont dans le flou. L'organisation Routes de France a saisi les ministères de l’Économie et des Transports pour demander une inter médiation avec les donneurs d’ordres publics afin d’adapter les délais de réalisation des chantiers et d’exonérer les entreprises dont l’activité sera forcément pénalisée par cette pénurie.

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