Sécu : après le Covid, la Cour des comptes veut serrer la vis sur la santé

La crise sanitaire du Covid-19 a replongé la Sécurité sociale dans un déficit sans issue, à moins « d’engager des actions résolues » pour limiter « significativement » les dépenses, de retraites mais aussi de santé, estime la Cour des comptes dans un rapport publié mardi.

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Pour sortir du "trou", il va falloir piocher. Après les pertes abyssales enregistrées en 2020 et 2021, la "Sécu" va un peu se rétablir, mais reste confrontée à "la perspective de déficits permanents dépassant 10 milliards d'euros à partir de 2024", selon la Cour des comptes.

Une situation "problématique", car "cela signifie que les dépenses de soins ou les pensions versées aujourd'hui devront être financées par nos enfants ou nos petits-enfants", a souligné son président, Pierre Moscovici, lors d'une conférence de presse.

La dégradation des comptes doit beaucoup au Covid-19 et ses conséquences: d'un côté, "une perte définitive de recettes" à cause de la récession, à hauteur de 8 milliards d'euros par an; de l'autre le "Ségur de la santé" et ses 10 milliards de "revalorisations salariales à caractère pérenne", précise le rapport.

La dérive est telle que la colossale reprise de dette votée l'an dernier "ne suffirait pas à couvrir le déficit 2023" comme prévu.

A moins d'un nouveau report du remboursement du "trou de la Sécu" au-delà de 2033, "des choix devront être faits", prévient la Cour, qui penche sans surprise pour "un effort de redressement axé sur les dépenses", en particulier "dans les domaines de l'assurance-maladie et des retraites".

Sur ces dernières, les magistrats financiers se contentent de renvoyer à leurs précédents rapports. En matière de santé, en revanche, ils développent plusieurs pistes "d'amélioration de l'efficience", à commencer par une "régulation pluriannuelle" afin de "réaliser des objectifs d'évolution potentiellement plus exigeants".

En clair, après avoir ouvert en grand les vannes du "quoi qu'il en coûte", le gouvernement est prié de fermer les robinets: fin de la prise en charge à 100% des téléconsultations, poursuite des baisses de tarifs pour les laboratoires d'analyse médicale, reprise "à plus large échelle" des contrôles visant aussi bien les assurés que les soignants.

"Il y a un enjeu fort, pour l'avenir de la Sécurité sociale, à reprendre en main l'évolution des dépenses d'assurance maladie", a souligné M. Moscovici, assurant toutefois que "la philosophie de la Cour n'est pas l'austérité, ni la réduction des droits".

Le rapport souhaite aussi que soient "menées à bien" les "réformes inabouties" du financement de la psychiatrie, ainsi que des soins de suite et de réadaptation. Il s'inquiète par ailleurs d'un "probable" retard concernant la généralisation de la prescription électronique: cette mesure est censée s'appliquer aux arrêts de travail à partir du 1er novembre, mais "une grande partie ne sera pas dématérialisée" à cette échéance.

(AFP)

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