Sexe en vacances : “Faire l’amour différemment c’est bien aussi !”

A l’été 1986, Niagara chantait déjà C’est l’amour à la plage ; Et mes yeux dans tes yeux ; Baisers et coquillage ; Entre toi et l’eau bleue. Le refrain d’un vieux tube qui n’a pas pris une ride, tant la période de l’été continue d’être associée à un temps d’insouciance sexuelle et aux amours passagers. L’été est-il véritablement propice à la sensualité ? Fait-on davantage l’amour l’été ? Quid des périodes de fortes chaleurs qui fatiguent les corps et dissuadent de se toucher ? Karine Bertrand, sexologue à Besançon, nous invite à ralentir la cadence et à faire de l’été un moment privilégié pour écouter son corps et ses désirs. Tout en volupté.

Karine Bertrand, sexologue à Besançon. © Lilou B.

Fait-on davantage l’amour l’été ? L’interrogation ne surprend pas le moins du monde Karine Bertrand, qui nous accueille dans son cabinet de sexologie au centre-ville de Besançon, où elle exerce depuis 10 ans. Une question simple qui appelle à une réflexion plus profonde sur la gestion du quotidien et les injonctions sexuelles qui pèsent sur tout un chacun : "dans une société où on court tout le reste de l’année, nous sommes dépassés par le temps, embarqués dans notre quotidien au rythme du travail, des enfants. Or le quotidien est un magnifique ennemi de l’intimité. Lorsque vient l’été et les vacances, les journées sont plus longues, le quotidien plus léger, propice aux espaces de respiration et aux rapprochements. (…) Alors oui, on fait certainement plus l’amour l’été", sourit Karine Bertrand.

Formidable, si ce n’est qu’en contrepartie (car oui il y en a une), l’impératif d’en profiter pourrait vite se transformer en véritable exigence personnelle. Au risque d’engendrer des frustrations, pour les célibataires comme pour les couples. "L’été est un bel espace pour créer des moments d’intimité, mais qui ne doit en aucun cas être un moment de pression. Comme on peut manger à trois heures de l’après-midi, l’intimité c’est la même chose, c’est un mouvement, un temps rond, pas une fenêtre de tir à ne pas louper. Il n’y a pas d’heures et pas de critères de rentabilité pour faire l’amour", conclut la sexologue.

Que calor

Et si la canicule venait à contrarier nos plans ? Pas une excuse pour Karine Bertrand qui encourage l’inventivité : "s’il fait trop chaud la journée, mais qu’on ne veut pas attendre la nuit, la douche peut être une agréable idée", glisse-t-elle. Le maître mot : écouter son corps pour sentir les moments les plus confortables. Une précaution tout de même : "le préservatif n’est pas l’idéal sous la douche, car le contact avec l’eau assèche les muqueuses", prévient Karine Bertrand. Quant aux ébats en plein air, si les scènes sont généralement très romantiques dans les films, la sexologue déconseille les actes de pénétrations dans l’eau de mer ou sur le sable, qui pourraient créer des irritations ou des infections.

De la légèreté de l’intime

Pour Karine Bertrand, la période chaude peut être aussi l’occasion de "prendre le temps de nourrir son désir et d’inviter l’autre dans le sien". Pour les couples, les vacances seraient gage d’imagination, de réinvention des pratiques : "ça peut passer par exemple par des lectures érotiques", propose-t-elle, ou en "prenant vraiment le temps de se caresser, de faire des préliminaires plus longs".

Quant aux célibataires, elle leur conseille de prendre le temps de la séduction, en "invitant d’abord au regard, en faisant attention à ne pas être trop lourd bien sûr". Sans oublier le préservatif systématique, masculin ou féminin, toujours à portée de main dans le sac, préconise-t-elle.

En tout cas, pour les célibataires comme pour les couples, Karine Bertrand tient utile de rappeler : "faire l’amour différemment c’est bien aussi. Ce n’est pas forcément la pénétration qui fait le sexe et il n’y a aucune obligation de performance. L’été pourrait être l'occasion de réinventer les schémas sexuels hétérocentrés". Sur ce, réinventons !

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