“Si mes livres répandent de la poésie dans ce monde, c’est gagné”


La maison d’édition franc-comtoise Chocolat ! jeunesse raconte de belles histoires aux tout-petits. De celles qui font rêver : à la fois naïves, lentes et poétiques. Le tout servi par de très belles illustrations. Une recette qui lui réussit puisqu’elle travaille aujourd’hui avec de grands noms du milieu.

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Loin des standards éducatifs pour apprendre à partager, aller sur le pot ou se passer de doudou, les ouvrages proposés invitent davantage à l’émerveillement et l’évasion. C’est parce qu’il  ne retrouvait justement pas cette invitation à la contemplation dans les livres dédiés à la jeunesse que Raphaël Baud s’est lancé dans l’aventure en créant sa propre maison d’édition.

Pour s’éveiller aux belles choses

Ce graphiste indépendant, installé à son compte depuis 2003 dans un petit village de Haute-Saône, a l’amour de l’illustration et de la poésie. "Je suis un grand fan de Miyazaki. Les livres jeunesse m’ont fait devenir ce que je suis aujourd’hui", confie t-il en nous tendant deux anciens ouvrages de son enfance, précieusement conservés. Son but ? Que ses livres "éveillent aux belles choses et répandent un peu de poésie dans ce monde qui en manque tant."

La perte d’un gros client et la naissance de sa première fille lui auront fait sauter le pas pour se lancer dans l’édition. "J’ai foncé, convaincu que l’envie de faire de beaux livres suffirait", avoue t-il.

Chocolat ! jeunesse est créé en 2007. "Je ne connaissais pas d’auteurs, ni d’illustrateurs.  J’ai mis de l’argent de côté pour sortir les quatre premiers livres (ndlr : « La vieille dame qui rapetissait » dont il est l’auteur,  « Mademoiselle bizarre », « Les secrets de Pétronille » et « Justine ou le temps arrêté » signé du chanteur Aldebert)". Mais, il sera vite rattrapé par les difficultés économiques. "Jusqu’en 2013, j’étais déficitaire".

De Pixar, M6 à la petite maison d’édition haut-saônoise

Sa maison d’édition publiait six, huit voire dix livres par an.  De trop grosses charges pour peu de rentabilité. Et bien qu’"on ne se lance pas dans ce milieu pour faire du chiffre, mais par passion pour les livres", comme il le rappelle, les longues de journées de travail cumulées à son autre activité de graphiste, l’ont amené à vouloir arrêter.

Oui, mais voilà : beaucoup de monde plébiscite ses productions. Des illustrateurs reconnus se font une joie de travailler pour Chocolat ! jeunesse comme Dankerleroux, Annette Marnat (qui dessine pour Pixar ou fait la couverture du New Yorker) ou Aurore Damant (créatrice de dessins animés pour M6). Sans oublier les locaux : Nancy Pena, Bérangère Delaporte ou Fabienne Roulié pour les textes.

Encouragé à continuer par son diffuseur parisien Pollen (il est aussi diffusé au Canada, en Suisse et en Belgique), ainsi que par les libraires et le public, Raphaël change finalement d’avis.  Il réduit sa production et cela fonctionne. Depuis 2014, seuls deux livres sont publiés chaque année. "Il faut savoir que 12.000 nouveaux albums sortent chaque année en France, sans compter les BD et les romans jeunesse, alors, en publier deux ou dix, cela représente toujours une goutte d’eau."

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