Tribunal de Besançon : de l’audience des gilets jaunes, on retiendra les chants

Trois gilets jaunes, dont Frédéric Vuillaume, étaient appelés ce lundi 29 avril 2019 devant le tribunal de Besançon, pour outrage et rébellion. Si le délibéré a été reporté à la mi-mai, les chants ont résonné dans le palais de justice… Et le slogan « Castaner assassin » aussi !

Sortie de l'audience : devant le palais de Justice, les soutiens se massent. Certains reprennent "Castaner Assassin" MC ©

Frédéric Vuillaume et ses deux camarades ne se sont présentés seuls à cette audience au tribunal de Besançon. Plusieurs dizaines de personnes s'étaient rassemblés en soutien à ces trois gilets jaunes ; tant que la salle d'audience n'a pu tous les accueillir, et qu'une bonne partie a du attendre dehors que la justice fasse son oeuvre.

C'est donc ainsi que l'audience à débuté : dans une salle pleine à craquer, perturbée de temps en temps par quelques remarques senties du "public" et même par une sonnerie de portable aux airs de "Macron tête de...".

On reprochait aux prévenus des faits d'outrages et de rébellion. D'outrage à une personne dépositaire de l'autorité publique d'abord, pour avoir scandé "Castaner assassin" lors de la venue du Ministre de l'Intérieur à Besançon le 13 mars dernier ; et de rébellion ensuite, parce que l'un d'eux  aurait "résisté à l'interpellation" -  il s'était accroché à un poteau - lorsque les policiers avaient tenté de l'attraper.

Castaner, assassin "de la démocratie"

La procureure de la République a tenu à rappeler les faits : pour elle, si "l'acte de rébellion n'est pas caractérisé par le simple fait de s'accrocher à un poteau, l'outrage est quant à lui caractérisé puisque M. Vuillaume avait conscience du caractère outrageant de ses paroles."

Pour Frédéric Vuillaume, "ce slogan signifiait assassin de la démocratie, parce que les policiers ne voulaient pas nous laisser passer. Rien d'autre. On sait très bien que Castaner ne va pas assassiner des gens comme ça, ça avait un sens politique." 

Et la procureure de s'étonner : "pourquoi ne pas avoir rajouté cette fin de slogan, alors ?"  "- On n'a pas eu le temps" s'est justifié M. Vuillaume.

"Stigmatisier le mouvement des gilets jaunes"

Pour l'avocat des trois gilets jaunes en revanche, cette convocation devant le tribunal mettait en jeu la liberté d'expression elle-même. "La décision de justice va définir ce que l'on a droit de dire ou non" a-t-il plaidé.

Tout en rappelant que le gouvernement, depuis quelques mois, s'échinait à "stigmatiser ce mouvement social" des gilets jaunes, et que cet outrage n'en était pas vraiment un puisque M. Castaner "n'était même pas là pour l'entendre", étant situé trop loin des manifestants.

Et de conclure : "ils avaient le droit de le dire et ils le diront encore... Tout du moins, si la décision de justice va dans ce sens."

On chante devant le palais

Pour finir, la procureure a appelé à ce que l'outrage soit condamné, à hauteur de deux mois et demi de sursis, "afin de rappeler lors des prochaines manifestations qu'on ne peut pas dire n'importe quoi." Mais on ne saura pas tout de suite le fin mot de cette histoire, la délibération ayant finalement été reportée le 15 prochain.

A peine l'audience levée, les soutiens aux trois gilets jaunes ont entonné le chant "On est là" en sortant de la salle, repris en coeur par les personnes qui attendaient devant le palais.

Ils scandent de nouveau "Castaner assassin"

Une ambiance festive qui reflétait l'état d'esprit de Frédéric Vuillaume en sortant du tribunal :  "l'avocat a bien fait comprendre que le slogan était balancé partout en France" a-t-il défendu.  Pour lui, cette convocation n'était autre qu'un "acharnement" contre le mouvement des gilets jaunes.

"On verra le 15, mais pour l'instant ça a l'air d'être positif" a conclu le gilet jaune, assurant "de revenir le 1er mai et samedi prochain, et le samedi d'après."

Et afin d'afficher un peu plus leur dissidence face à cet "acharnement", les soutiens à nos trois gilets jaunes se sont mis... A scander "Castaner assassin" devant les portes du palais.

Après l'audience, environ quatre-vingt personnes ont défilé entre le palais de justice et la préfecture. Elles se sont dispersées vers 16 heures.

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