"Une maison médicale peut-elle vivre sans médecin?" a alerté Fabienne Briet, orthophoniste au sein de la maison de santé, au côté notamment de deux kinésithérapeutes et six infirmiers. Ouverte en septembre 2010, la maison médicale de Château-Chinon, qui reçoit 5.500 patients par an, devait accueillir quatre médecins généralistes. Après deux départs, les deux derniers médecins ont annoncé qu'ils exerceraient ailleurs à partir du 31 janvier 2015. "C'est très triste, on est une sous-préfecture de la Nièvre", qui fut dirigée par François Mitterrand de 1959 à 1981, a souligné Mme Briet, "On va mourir".
Mercredi après-midi, l'ensemble des commerçants de Château-Chinon, y compris le supermarché, ont baissé leur rideau en solidarité avec les manifestants. Le cortège était précédé d'un cercueil sur lequel était posée une couronne de fleurs avec l'inscription: "Ici gît la médecine, à notre ville regrettée". Dans la manifestation, on pouvait notamment lire sur des banderoles : "Le Morvan a droit à un système de santé de qualité". "A la pharmacie, on est en première ligne", s'est inquiétée Catherine Neau, préparatrice en pharmacie. "Si les gens vont consulter à Autun (Saône-et-Loire), ils achèteront leurs médicaments là-bas et y feront aussi leurs courses et Château-Chinon va mourir", a-t-elle dit, précisant que le supermarché était le deuxième employeur de la ville après l'hôpital.
Dans le cortège, Lydia Perruchot, aide-soignante de 50 ans, se fait "le porte-parole" de ses patients : "On parle beaucoup du maintien à domicile des personnes âgées mais il faudrait mettre les moyens en face." "Sans médecin, les patients se demandent s'ils vont devoir aller en institution", a-t-elle déclaré. "Nous mettons tout en oeuvre pour recruter des médecins généralistes", a assuré devant les manifestants le maire PS Guy Doussot. "Nous aurons recours à un chasseur de tête avec toute la prudence qui s'impose", a-t-il ajouté. De fait, c'est à Château-Chinon que le recrutement d'un dentiste néerlandais par un chasseur de tête a laissé des traces : des dizaines de patients, qui se disent "mutilés", ont porté plainte contre le dentiste indélicat. Après avoir pris la fuite au Canada, l'homme de 50 ans a été transféré dans son pays natal. La France est en passe d'obtenir son extradition.
(Source : AFP)