Obésité infantile: la Franche-Comté dans les derniers de la classe

En marge des « classes du goût » organisées dans certaines écoles de la région, nous avons fait parler une professionnelle de la diététique et de la nutrition sur l’obésité infantile. Valentine Caput ne cesse de lutter contre les comportements d’enfants « consommateur-roi ». Pour y arriver, il faut d’abord convaincre les parents des dangers encourus.

« L’obésité chez les enfants avance avec une vitesse fulgurante. C’est aussi rapide qu’aux Etats-Unis. D’ailleurs la Franche-Comté est dans les derniers de la classe. Toutes les régions qui se trouvent au nord de Lyon sont particulièrement touchées. C’est vraiment une épidémie ». Le constat fait par Valentine Caput, diététicienne et nutritionniste libérale à Besançon, est sans appel.

Trop d’aliments sucrés, trop de boissons sucrées, trop de céréales sucrées… On connait les vecteurs qui concourent au développement de l’obésité infantile. On connait également les facteurs aggravants comme la sédentarité, la passivité ou l’absence d’encadrement des parents. Beaucoup de jeunes vivent aujourd’hui dans « un environnement obésogène », selon l’expression d’un spécialiste du sujet.

Manger de tout modérément

« On n’est pas dans une société où on mange parce qu’on a faim, mais on mange pour combler un vide. On s’ennuie, on va au frigo », témoigne Valentine Caput dont le cabinet de consultations ne désemplit pas. Elle n’a de cesse de lutter contre l’enfant « consommateur-roi » mis en scène dans les publicités. Combien de parents reconnaissent que pour pallier leur absence, ils laissent libre cours aux envies de leur progéniture sur le mode « il faut bien que je lui fasse plaisir ». Certes, admet la nutritionniste, mais pourquoi pas un système de compensation consistant à offrir une place de cinéma ou un livre ?

Les opérations du type « semaine du goût » ou « classes du goût » sont évidemment les bienvenues. « C’est mieux que rien, admet-elle, même si on ne touche que deux gamins dans une classe, on sait qu’à travers eux ce sont les parents qu’on éduque ».

A vrai dire, ce sont eux qui doivent poser des limites et des repères. « Ce n’est pas parce qu’un enfant aime quelque chose que les parents ne doivent pas dire stop. Trop souvent, ils estiment que ce que leurs enfants apprécient ne peut pas leur faire du mal », insiste Valentine Caput. Il ne faut pas stigmatiser pour autant. « Il suffit souvent de diminuer les quantités. Manger de tout mais modérément », recommande-t-elle en évitant de générer des frustrations et de prononcer certains mots comme grossir auquel il faut préférer grandir.

« Manger ce qui pousse à sa porte »

En clair, il ne faut pas priver ou supprimer. Avec les accrocs à une certaine boisson gazeuse de couleur sombre ou à une irrésistible pâte à tartiner non moins célèbre, il faut trouver un compromis. « On n’enlève pas un aliment, on le recadre dans une alimentation équilibrée ». La diététicienne suggère également de développer la notion de plaisir. « Quand on mange avec plaisir, on ne mange pas forcément beaucoup ».

D’où l’intérêt de ces « classes du goût » qui attisent la curiosité et permettent aux enfants de « verbaliser » les sensations. « Il y a tout un vocabulaire autour du repas qu’il faut apprendre. Comme il faut connaitre les spécialités régionales. La référence au terroir, manger ce qui pousse à sa porte est aussi important », conclut Valentine Caput.

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