Yves-Michel Dahoui ne se présente plus à la mairie de Besançon. Il s’explique…

L’adjoint au maire à l’éducation a décidé de quitter le parti socialiste et le groupe apparenté au conseil municipal. Faute d’avoir pu mobiliser les membres du « groupe socialiste et société civile républicaine  » et ne se sentant plus à sa place au sein de l’échiquier politique, il choisit finalement de ne pas se présenter aux municipales de 2020 en vue de succéder à Jean-Louis Fousseret. Il s’en explique dans une lettre ouverte

Dans un communiqué, Yves-Michel Dahoui déclare renoncer à devenir tête de liste aux prochaines municipales à Besançon contrairement à ses ambitions dévoilées il y a un peu plus d'un an. Il explique que plusieurs facteurs l'ont amené à cette décision :

"J'ai tenté sans relâche depuis deux ans de mobiliser les membres du "groupe socialiste et société civile républicaine " du conseil municipal en vain. J'ai proposé d'élaborer une stratégie à partir d'une ambition collective, en écartant dans l'immédiat toute ambition individuelle, afin de réfléchir, avant tout, à l'avenir de cette Ville et de son Agglomération.

J'ai également souhaité que nous allions ensuite, à partir de notre propre vision, à la rencontre des habitants pour nous nourrir de leur vécu, de leur réflexion, de leurs propositions, afin d'élaborer le futur projet municipal et d'agglomération. Je me suis heurté à un total désintérêt, à une inertie, et à la proclamation d'ambitions individuelles dérisoires…

Je crois en effet, et j'ai toujours cru qu'une ambition individuelle n'était légitime que si elle était portée par une vision, un projet et une ambition collective.

 J'y ajouterai une section locale du Parti socialiste théâtre de manœuvres et dysfonctionnements permanents d'un autre âge, sans intérêt pour la population et l'avenir du Grand Besançon.

Concernant le projet d'agglomération, j'ai été à l'origine de l'une des deux seules contributions versées aux débats. Ce travail intellectuel (cf document ci-dessous : une ambition pour Besançon et son agglomération) que j'ai proposé avec humilité n'a jamais reçu le moindre écho, ni au sein de la CAGB, ni même au sein de mon propre groupe. Et pourtant je pense qu'une ambition ne peut être portée collectivement, avec force, qu'à l'issue d'une libre confrontation intellectuelle.

Le dernier facteur concerne un contexte national qui ne me permet plus de trouver ma place sur l'échiquier politique. Sauf à me prêter à des compromissions politiques auxquelles, sans prétendre donner de leçons à quiconque, je me suis toujours refusé !

Je n'adhère aucunement à la conception qu'Emmanuel Macron a de la politique : aucune perspective permettant d'adhérer à un idéal commun, une France gérée comme une start-up, une idée qui chasse l'autre, un débat politique aseptisé, aucun débat intellectuel d'envergure dans le pays de Voltaire, Rousseau, Victor Hugo et de Proudhon ; et une politique dont la majorité des observateurs, même les plus complaisants, s'accorde à dire qu'elle est la plus libérale de la cinquième république. Pour autant je ne fais pas de confusion entre celles et ceux de mes ami(e)s qui ont rejoint LREM par conviction , même si nos analyses divergent aujourd'hui, et les opportunistes.

Quant au parti socialiste, tel un astre mort, il vient de porter à sa tête au niveau national quelqu'un qui a suivi le cursus classique de tous les apparatchiks du PS, après avoir commencé son parcours il y a 25 ans comme assistant parlementaire : c'est-à-dire tout ce que j'ai combattu en vain, "un carriérisme d'appareil ", qui m'avait fait quitter mes fonctions de 1er secrétaire de la Fédération du Doubs du PS en 1995.

Le peuple, dont je ne pense pas pour autant qu'il faille le dissoudre, a également ses contradictions, avide, bien légitimement, de renouvèlement et d'éthique. Il a porté à l'assemblée dans le nord Franche-Comté un ancien communiste, " cégétiste ", socialiste, qui n'est pas nouveau dans le paysage politique et qui soutient aujourd'hui sans rire et avec l'ardeur des nouveaux convertis, une politique approuvée par le patronat français et inspirée par des intellectuels libéraux ou ultra-libéraux. Une politique qui permet à Bruno Lemaire d'inviter ses amis du Parti " Les Républicains" à le rejoindre "pour faire ce que Nicolas Sarkozy n'a pas réussi à mettre en œuvre " !

J'ai moi-même soutenu, sur ma circonscription un candidat qui depuis de longues années, y compris lors des dernières élections, devait ses mandats à un accord électoral avec le Parti socialiste avant de rejoindre, opportunément… LREM.

Enfin, les Français ont permis l'élection à la présidence de l'Assemblée nationale de quelqu'un qui a renié sa signature et ses engagements. En terme de soif d'absolu, de renouvèlement et d'éthique, admettons qu'on pouvait faire mieux. Mais il est vrai qu'il s'agit du " Nouveau Monde" auquel je n'ai probablement rien compris.

Telles sont les raisons qui m'ont incité à renoncer à toute ambition en 2020. Jusqu'à cette date, et tant que j'aurai la confiance du Maire, je continuerai avec la même envie, la même ardeur et avec mes convictions de gauche, à mener jusqu'au bout, au sein de la majorité municipale, la mission qui m'a été confiée en 2014.

 Bien cordialement."

 Yves-Michel Dahoui

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