Porté conjointement par des acteurs des mondes agricole, de la chasse, de la protection de l’environnement et de la recherche scientifique, le programme Careli s’inscrit dans une approche ”One-Health”. Il vise à ”évaluer les effets de la « protection » du renard comparée à son classement comme espèce susceptible d’occasionner des dégâts (ESOD) et gibier chassable”.
Financé notamment par le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, le Commissariat à l’aménagement du Massif du Jura via le FNADT, la DRAAF, la DREAL et l’ARS Bourgogne-Franche-Comté, Careli interroge la manière dont les politiques publiques peuvent mieux intégrer les connaissances scientifiques et les démarches concertées.
La table ronde réunira l’ensemble des partenaires autour d’une question centrale : ”Quelle contribution la démarche Careli (coopération, interdisciplinarité, gouvernance) peut-elle apporter à l’évolution des politiques publiques de gestion de la faune sauvage ?”
Des résultats scientifiques sur les élevages avicoles
Après près de quatre années de suivi, les premières analyses du programme, portant sur 231 poulaillers et plus de 10.000 volailles, montrent que le statut ESOD du renard n’a ”pas conduit à une réduction significative du nombre de renards ou à des différences dans les taux de dommages sur les élevages avicoles entre les zones d’étude”.
Selon les chercheurs, la clé de la prévention des pertes réside avant tout dans les mesures de protection des installations : ”La clé de la réduction des dommages repose avant tout sur la sécurisation des abris et des parcours extérieurs.”
Ces résultats plaident pour une gestion locale et fondée sur la preuve, privilégiant l’accompagnement collectif des éleveurs plutôt que la régulation des populations de renards dans le cadre réglementaire actuel.
Le regard des sciences humaines : dépasser la controverse
Les travaux des sociologues du programme Careli analysent les débats autour du renard comme un révélateur des tensions sociales et culturelles liées à la place de la faune sauvage. L’étude, menée auprès de plus de 40 acteurs locaux, montre que le renard est ”un révélateur des rapports que les humains entretiennent à la Nature et entre eux”.
Autrefois perçu comme un ”nuisible”, il fait aujourd’hui l’objet d’une requalification symbolique : son rôle écologique dans la régulation des campagnols et son ”charisme non-humain” suscitent de nouvelles formes d’attachement. Mais ces évolutions ”ne suppriment pas les désaccords” et déplacent les débats vers des questions de gouvernance et de légitimité : ”Qui décide de la gestion du renard, et selon quelles valeurs ?”
Une coopération inédite entre acteurs souvent opposés
Depuis 2019, Careli a permis de construire un espace de dialogue entre des acteurs historiquement en désaccord sur les questions de faune sauvage. Les sociologues soulignent que cette démarche, fondée sur ”la connaissance mutuelle et l’établissement de relations de confiance”, a favorisé la création d’un véritable “terrain d’entente” autour de la recherche et du dialogue.
Ainsi, les partenaires, initialement porteurs de visions parfois opposées, ”ont su transformer une controverse en espace d’expérimentation collective”, nous dit-on. Careli se présente désormais comme un laboratoire de gouvernance partagée, démontrant qu’une approche transdisciplinaire et co-construite peut contribuer à des solutions locales plus durables et acceptées.
Deux réunions publiques pour partager les résultats
En parallèle de la table ronde scientifique, deux réunions d’information ouvertes au public sont programmées en novembre : l'une s'est tenue le 7 novembre à Pierrefontaine-les-Varans, une autre est prévue vendredi 14 novembre à 20h dans la salle communale de Mouthe.
Ces rencontres permettront de présenter la démarche et ses premiers enseignements à un public plus large.
Infos pratiques
- Table ronde du programme CARELI
- Jeudi 27 novembre – 10h00
- Laboratoire Chrono-Environnement, salle -107M – Site de la Bouloie, Besançon
- Accès : chrono-environnement.univ-fcomte.fr
