Cahiers de vacances : utiles ou inutiles ? On a demandé à des profs…

Tout au long des vacances d’été, pour ne pas perdre le fil, ou quelques jours avant la rentrée pour se remettre dans le bain, des parents achètent des cahiers de vacances pour leurs rejetons. Est-ce vraiment utile ? On a posé la question à des professeurs des écoles et de collège… 

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"Écrire une carte postale à la mamie est tout aussi riche" 

Pour Raphaël L., enseignant à Besançon, "le cahier de vacances peut être utile en fin de vacances pour réactiver quelques savoirs. Une sorte d'échauffement avant la rentrée." Il explique qu"'il ne permet en aucun cas selon moi d'acquérir des notions non comprises car par essence il se fait en autonomie. Il s'adresse donc à des enfants qui ne sont pas en difficulté scolaire. Les autres devront avoir l'appui d'adultes qui proposeront d'autres chemins d'apprentissage. Pour moi il est important de réactiver des habitudes de travail (écrire, se concentrer...) plutôt que de refaire des exercices d'application. Écrire une carte postale à la mamie est tout aussi riche..." 

"J'encourage mes élèves à lire pendant les vacances"

Delphine, en tant professeur de Français dans un collège du Doubs, a plutôt tendance "à encourager mes élèves à LIRE pendant leurs vacances. Ce serait déjà pas mal s'ils le faisaient... Peu le font... Alors les devoirs..." Elle nous explique que "Les cahiers de vacances des collégiens, honnêtement, je ne les ai jamais compulsés. Je ne sais pas ce qu'il valent. Je pense aussi qu'il est plus difficile de motiver des collégiens sur un cahier de vacances que des élèves de primaire encore "dociles". Plus les adolescents avancent dans leur scolarité, plus il devient difficile de les astreindre à travailler pendant leurs vacances."

Ce professeur de Français et mère de deux enfants, a un peu révisé son jugement depuis cette année. "J'ai acheté, pour ma fille de 11 ans et mon fils de 8 ans, des cahiers de vacances très "classiques", très axés sur les programmes, pas vraiment ludiques. Les exercices étaient très scolaires mais bien adaptés à leur niveau. Et au moins, mes enfants savaient qu'ils faisaient des devoirs. C'était entre 30 et 45 minutes de devoirs par jour (ou presque) . Ils travaillaient, ils ne jouaient pas. Je pense que c'est important. J'ai du mal avec le ludique à tout prix. C'est mon côté "vieille prof"."

Pour son fils qui n'aime pas l'école, qui n'aime pas les devoirs et qui a du mal à se concentrer, "je ne voulais pas qu'il coupe complètement avec l'école. J'espère que ce petit rituel de travail lui servira à la rentrée, qu'il aura moins de mal à s'y remettre. Il devait aussi revoir les fondamentaux car beaucoup de bases n'était pas acquises. Pour ma fille, qui est très scolaire, cela a bien marché. Elle faisait ses deux pages par jour en autonomie. C'était une bonne révision avec peu d'efforts. 
Et malgré tout, cela m'a permis de reprendre avec eux deux les notions importantes de français et de maths et de cibler leurs difficultés. Même pour Camille qui est bonne élève. On a compris par exemple que les problèmes mathématiques n'étaient pas son point fort alors qu'en français toutes les bases étaient parfaitement acquises. Cela me permettra d'être plus vigilante sur les maths pour sa rentrée en 6ème."

"Ce n'est pas une punition, c'est une aide" 

Selon Béatrice, professeur de mathématiques au collège Notre-Dame, "les cahiers de vacances sont utiles". Elle explique que "Dans notre établissement, nous donnons des cahiers de vacances toutes matières aux élèves en difficulté avec obligation de les faire pour certains, mais ce n'est pas une punition, mais une aide. En début d'année les profs principaux les collectent ils sont remis à un surveillant qui regarde s'ils ont été faits avec sérieux et si ça n'a pas été le cas, ils resteront en étude surveillée pour les faire.

Huit semaines complètement déconnectées de tout savoir est compliqué pour certains élèves. Pour des élèves plus grands il existe des cahiers ciblés sur quelques matières et je pense qu'à un certain âge ils savent déjà les matières qui leur pose problème et donc pas forcément nécessaire de tout réviser. Certains sont vraiment très bien faits et peuvent guider les parents sur ce qu'ils peuvent leur faire travailler. Comme tout, il ne faut pas que ce soit mal vécu, mais comme un plus." 

"Si l’enfant a envie, il faut que les parents l’aident" 

Pour Julie V., professeur d'Anglais au collège Laurent Monnier de Saint-Aubin (Jura) "les cahiers de vacances au collège seront inutiles si l’adolescent le prend comme du travail supplémentaire". Selon elle, "Il faut qu’il ait envie d’en faire, que l’initiative vienne de lui. Quand je vois ma fille de 6 ans me demander de lui acheter des cahiers de jeux pendant les vacances, je n’hésite pas… entre cahier de jeux et cahier de vacances, il n’y a que le nom qui change. Donc en résumé des cahiers de vacances si l’élève le demande et va prendre du plaisir, oui ! Sinon, cela va être l’horreur aussi bien pour l’enfant que pour ses parents ! En revanche, si l’enfant a envie, il faut que les parents l’aident, car s’il rencontre des difficultés, il peut vite se décourager." 

"On n'apprend ou on ne révise bien que lorsqu'on est en confiance" 

Pour Caroline, "Il me semble qu'il vaut mieux éviter les cahiers de vacances pour les enfants - adolescents qui sont en difficulté scolaire et qui n'auraient pas un adulte patient pour les accompagner au moment où ils travaillent dessus, sinon ça devient une source d'angoisse qui aura l'effet inverse à celui escompté. On n'apprend ou on ne révise bien que lorsqu'on est en confiance et motivé. Un cahier de vacances, ça peut être utile pour réactiver les connaissances de l'année scolaire ou pour aborder ce qui n'a pas été vu en classe, et certains enfants ou adolescents sont même demandeurs ! Donc un cahier de vacances : oui, à condition d'être un élève autonome ou d'avoir à ses côtés un adulte auquel demander des explications et de l'aide si nécessaire. Et ça ne doit surtout pas être une sanction ou une source de conflits dans la famille."

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