Croissance, inflation, déficit: le HCFP sceptique sur les prévisions du gouvernement

Une prévision de croissance "un peu élevée" et des anticipations d'inflation "un peu sous-estimées": dans un avis rendu jeudi matin, le Haut Conseil des Finances publiques se montre sceptique sur la trajectoire budgétaire envisagée par le gouvernement pour 2022.

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"Le Haut Conseil estime que la prévision de croissance pour 2022 du gouvernement n'est pas hors d'atteinte mais est un peu élevée", est-il résumé dans l'avis.

La prévision de croissance, ramenée à 2,5% dans le projet de budget rectificatif (PLFR), est "fragilisée par plusieurs facteurs", estime le HCFP, à quelques heures de la présentation par le gouvernement du PLFR qui doit acter une salve de nouvelles dépenses pour soutenir le pouvoir d'achat rogné par l'inflation.

Le gouvernement base sa prévision de croissance sur l'hypothèse d'une "forte progression" de son traditionnel moteur, à savoir la consommation, estime l'instance indépendante chargée d'évaluer la crédibilité des prévisions budgétaires.

Or l'impact de la forte inflation (5,8% sur un an en juin selon l'Insee) sur le pouvoir d'achat des ménages devrait se traduire par une "consommation plus faible" que prévu, anticipe le HCFP.

La faiblesse persistante de l'indicateur qui mesure la confiance des consommateurs "laisse penser qu'ils pourraient décider de différer leurs décisions d'achat au profit de l'épargne", pénalisant d'autant la consommation et donc la croissance.

Du côté des entreprises, la diminution des marges et la remontée des taux d'intérêt devraient contraindre leur capacité d'investissement. Comme la Cour des comptes dans un rapport publié jeudi matin sur la situation des finances publiques, le HCFP doute aussi de la crédibilité des 5% de déficit attendus fin 2022 par le gouvernement.

La prévision de déficit "est entourée d'aléas importants, notamment "compte tenu des risques de moindre rendement de certains prélèvements obligatoires et des risques de dépassement sur certaines dépenses", tranche l'instance.

"5%, ce n'est pas inatteignable, mais pour que ce soit atteint il faudrait que tous les facteurs jouent dans le sens le plus favorable", a commenté le président du HCFP Pierre Moscovici jeudi lors d'une conférence de presse.

Même scepticisme, enfin, sur la prévision d'inflation du gouvernement (5% pour l'année 2022), qui "suppose un tassement des pressions inflationnistes au second semestre".

Or "ce ralentissement n'est pas acquis au vu des revalorisations salariales récentes et attendues", juge-t-il. Par conséquent, "le Haut Conseil estime que l'inflation prévue pour 2022 paraît un peu sous-estimée."

(AFP)

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