Faites vous tirer le portrait à l’ancienne à Besançon !

Damien Gautier, photographe professionnel, sera le 30 août 2021 place du 8 septembre à Besançon accompagné de sa Massilia box… Il propose de faire votre portrait en argentique, comme le faisait les « Minutero » au siècle passé…

©

maCommune.info : Pourquoi avoir décidé de lancer cet événement ?

Damien Gautier : "J'ai grandi les 30 premières années de la vie à Besançon. Par nostalgie, je me suis mis à rechercher s'il y avait eu, dans Besançon, des photographes appelés "Minuteros". J'en ai trouvé un et il est le seul dans toute l'histoire de cette ville. 

J'ai retrouvé des documents sur lui, il était présent après la Seconde Guerre mondiale".

Besançon Kirbidjian 1947 © DR (envoyé par www.laphotosensible.com)

Le témoignage de son fils est très intéressant (voir ici). J'ai contacté ses descendants pour savoir s'il restait des éléments tels que les négatifs, sans succès malheureusement !  Cette pratique photographique, "non académique", a débuté il y a 100 ans, lors de l'invention de la photo sur papier. Elle a été très présente dans les pays très pauvres, après les guerres et aussi les pays sous dictature.  À cette époque le traitement d'une image est passé de l'heure à la minute, d'où le nom de ces photographes : minutero ! Elle a quasiment disparu à l'arrivée du polaroid et des photomatons et renaît de ses cendres aujourd'hui grâce à un réseau qui s'est créé sur internet ! 

La plupart de ces photographes sont inconnus et ne figurent que dans très peu de livres. Ce sont des histoires extraordinaires de gens ordinaires".

mC : Pourquoi avoir choisi Besançon pour votre animation ?

Damien Gautier : "Je ne suis pas retourné à Besançon depuis plusieurs années. Je me déplace tout le temps avec ma boîte quand je voyage en France. Je profite de mon passage dans la ville pour partager un peu de ce patrimoine local et des moments de convivialité autour de cet art de rue".

mC : Comment vous êtes-vous lancé dans la photographie via les supports photosensibles ?

Damien Gautier : "J'ai toujours fait plus ou moins de l'argentique depuis mon enfance. J'ai vraiment commencé quand j'ai eu accès à un laboratoire, il y a 10 ans. C'est en collaborant avec d'autres artistes d'une friche à Saint Denis (93). Notre concept de création était l'altérité et c'est à ce moment-là  que j'ai eu l'idée de fabriquer un laboratoire ambulant pour développer des portraits dans n'importe quel lieu".

mC : Quel travail cela demande-t-il ?

Damien Gautier : "J'ai fabriqué "La Massilia box" il y a 3 ans. C’est une boîte en bois hybride qui contient un appareil photo et un laboratoire de développement argentique. Elle fonctionne sans électricité ni électronique et encore moins d' informatique... Les seuls éléments dont on a besoin sont un peu d'eau et la lumière ! 

Cette boîte nous permet de faire la prise de vue et de livrer ensuite le tirage sur papier en 15 minutes. Le papier remplace la pellicule. 

La Massilia box attire curieux et nostalgiques. Les gens se questionnent et viennent me voir au sujet de celle-ci. Cela provoque des rencontres intéressantes et spontanées avec les petits et les grands". 

mC : À l’heure de la surconsommation et de la surproduction d’images, pourquoi avoir choisi l’argentique ?

Damien Gautier : "Cette pratique demande beaucoup de manipulations pour chaque photo. L'expérience est un facteur essentiel. À l'ère des selfies et des filtres, les gens apprécient beaucoup cette démarche désuète et rudimentaire. Elle est l'éloge de la lenteur. J'ai choisi les anciens procédés et l'argentique, car elle permet de partager des moments authentiques, ludiques en toute simplicité. 

Avec un ami marseillais, j'ai conçu un collectif de photographes nommé  La photo sensibleNous travaillons ensemble sur la création de projets en lien avec les associations et institutions locales. Nous proposons des prestations de tirages instantanées de rue dans différents endroits en France pour professionnels et particuliers.

Dans la vie, je suis aussi éducateur de rue dans une association d'aide sociale à l'enfance. Je travaille dans les quartiers sensibles de la ville. J'ai fait beaucoup de photos dans la rue, avec ma boîte, pendant les différents les couvre-feux. Le but était de créer du lien social avec les habitants. L'initiative a été très appréciée du public.  Je fais des ateliers  pour le jeune public en utilisant les premiers procédés photographiques tels que le cyanotype, le sténopé... La majorité apprécie et découvre un univers qu'ils n'auraient pas pu connaître autrement.

Le fait de "bricoler" soit même ses propres photos rend cela ludique et universel.  La photographie ancienne est un bon outil pour le travail éducatif". 

Infos +

Quitter la version mobile