Gestation pour autrui et réanimation des prématurés : qu’en pensez-vous ?

L’Espace de réflexion éthique du CHU Bourgogne Franche-Comté organisait le jeudi 10 décembre 2015  son colloque grand public annuel à Dole. Le débat porte cette fois sur la gestation pour autrui et la réanimation en période néonatale. Tout le monde est invité à y participer. Régis Aubry, directeur de cet Espace de réflexion, répond à nos questions.

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Macommune.info : Pourquoi avoir choisi comme thème ces questions éthiques de début de vie ?

Régis Aubry : "Les formidables avancées techniques et scientifiques de la médecine rendent aujourd’hui possible ce qui n’était pas concevable il y a seulement quelques années. Et ces possibilités en ouvrent d’autres… Ainsi par exemple, la grossesse pour autrui (GPA) pourrait permettre à certains couples dont la femme est stérile, du fait d’une malformation de l’utérus ou après une chirurgie radicale de celui-ci, d’avoir un enfant issu d’un ovule de la mère, du sperme du père et grâce à la fécondation in vitro puis grâce à l’implantation dans un 'utérus de prêt'.

Mais cette possibilité pose d’autres questions au plan social et éthique : le 'prêt' d’utérus peut-il être permis pour des couples homoparentaux ? L’attachement probable entre la mère 'porteuse' et le fœtus qui va se développer en elle ne vont-ils pas poser par la suite des problèmes dans l’équilibre de l’un et de l’autre ? La GPA est illégale en France mais est autorisée dans certains pays : quid de la reconnaissance des enfants nés d'une gestation par autrui ?"

Quel est l'intérêt d'impliquer le grand public dans la réflexion ?

"Il nous semble que les questions éthiques sont des questions de société en ce sens qu’elles posent des questions qui ont un impact sur notre avenir, sur notre vie sociale. Elles font débat et il serait dangereux d’enfermer ce débat uniquement dans le champ de la médecine.

L’espace de réflexion éthique Bourgogne Franche Comté, comme tous les autres espaces similaires en diverses régions a pour mission de générer des débats avec le grand public pour permettre au citoyen de partager les questions complexes qui se posent.

Il me semble que les moments sont rares  dans notre société où l’on sollicite les citoyens pour les mêler à un questionnement de fond. Il en va à mon sens du respect que l’on doit à chacun que d’inviter chaque citoyen à venir partager les grandes questions qui traversent nos sociétés. J’ajoute pour conclure que l’expérience de ces débats, organisés par l’espace de réflexion éthique, m’a montré combien les questions les plus inattendues et pourtant les plus importantes viennent souvent des citoyens plus que des experts…."

Axel KAHN, Généticien, Directeur de recherche à l’Inserm, Président fondateur de la Fondation internationale de la recherche appliquée sur le handicap, ancien Président de l’Université Paris Descartes, participait à ce rendez-vous.

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