Impact économique lié à la crise sanitaire : une perte majeure pour la Bourgogne-Franche-Comté

Au 7 mai 2020, alors que la France est dans sa huitième et dernière semaine de confinement, et qu’un déconfinement progressif est programmé à partir du 11 mai, l’activité économique en France métropolitaine serait globalement en baisse de 33 % par rapport à une situation normale selon une étude de l’Insee Bourgogne Franche-Comté. Une perte majeure d’activité est évaluée à 32 % pour notre région.

©Alexane Alfaro ©

Les mesures mises en place en France et plus généralement dans le monde pour contenir l’épidémie de coronavirus ont des conséquences lourdes sur le fonctionnement des différentes économies.

En faisant l’hypothèse qu’une branche d’activité est affectée avec la même intensité dans tous les territoires qu’au niveau national, les mesures de confinement y étant similaires, les différences observées entre les régions et les départements reflètent donc essentiellement des différences de composition de leur tissu économique. Ces différences dans la structure sectorielle génèrent des disparités dans les pertes d’activité régionales ; disparités plutôt limitées au regard de l’ampleur du choc qu’ont partagée toutes les régions. La Bourgogne-Franche-Comté subirait une baisse d’activité de 32 %, comparable au niveau national.

Certaines régions apparaissent structurellement un peu plus impactées que l’ensemble national à l’image de la Corse, de l’Île-de-France, d’Auvergne-Rhône-Alpes et de Provence-Alpes-Côte d’Azur ; d’autres un peu moins, comme les DOM, la Bretagne et les Hauts-de-France, L’impact varie de -35 % en Corse à -18 % à Mayotte. La région métropolitaine la moins affectée est la Bretagne (-31 %).Il y a donc un écart d’environ 4 points entre la Bretagne et la Corse au sein des régions métropolitaines.

L’impact économique dans les départements de Bourgogne Franche-Comté

Au niveau des départements, la structure sectorielle de l'économie génère également des disparités dans l'ampleur de la perte d’activité. La Savoie serait la plus touchée, - 38 %, la Creuse et les Deux- Sèvres le moins, - 28 %.

En Bourgogne-Franche-Comté, la perte d’activité est estimée à

La construction, les commerces, le transport, les services aux entreprises et l’industrie sont très touchés

Les services marchands perdent dans l’ensemble 36 % de leur activité, mais bien davantage dans l'hébergement-restauration, les transports et l’entreposage, le commerce, et les services aux entreprises. Ces secteurs sont moins présents en Bourgogne-Franche-Comté qu’au niveau national. Aussi, si la baisse d’activité des services marchands explique la moitié de la baisse de l’activité totale dans la région, 16 points sur les 32, c’est moins qu’en France métropolitaine, 20 points.

L’industrie a ralenti son activité de 38 %. L’économie de Bourgogne-Franche-Comté étant très tournée vers l’industrie, ce secteur explique 7 points de la baisse d’activité régionale, davantage qu’au plan national, 5 points.

La construction, le secteur qui tourne le plus au ralenti avec 75 % de perte d’activité, participe à la baisse d’activité totale de 4 points.

L’agriculture est beaucoup moins touchée et participe à hauteur de 0,5 point.

Près de 291 100 salariés, non-salariés et intérimaires potentiellement très fortement impactés

Les secteurs très fortement impactés par le ralentissement économique que connaît la France depuis le début de la période de confinement sont ceux dont l’activité serait réduite de plus des deux tiers, par exemple de la restauration, l’hébergement, le commerce ou la construction. Ces activités emploient environ 291 100 personnes. Près de 211 100 salariés, soit 24% des salariés (hors intérimaires) de Bourgogne-Franche-Comté exercent dans ces secteurs très fortement impactés. C’est également le cas de 40 % des non salariés de la région, soit 48 200 personnes. S’ajoutent également 31 800 intérimaires.

La plupart des salariés employés dans ces secteurs très fortement impactés sont employés par une petite entreprise. Environ 40 % sont salariés d’un établissement de moins de 10 salariés et près de 34 % sont employés par une structure de taille un peu plus importante, un établissement de 10 à 49 salariés.

D’autres activités sont fortement impactées, mais avec une réduction d’activité estimée de moins des deux tiers. Il en va ainsi de nombreuses activités industrielles, du transport, de l’entreposage, des activités de poste et de courrier... Ces activités emploient au total 307 600 personnes. Près de 32 % des salariés de la région sont ainsi concernés et 24 % des non salariés.

Les salariés employés dans ces secteurs fortement impactés sont plus souvent employés par une grosse entreprise. Environ 35 % sont salariés d’un établissement d’au moins 250 salariés .

Chute du nombre d’entreprises créées et des déclarations d’embauche

En mars 2020, la Bourgogne-France-Comté enregistre 1 214 créations d’entreprises toutes catégories confondues, soit une baisse de 31 % par rapport au mois précédent et de 36 % par rapport à mars 2019. Elles sont particulièrement moins nombreuses que l’an passé dans le Doubs et l’Yonne, de respectivement 40 et 42 %. C’est en Saône-et-Loire et dans le Jura que la baisse est moins prononcée même si elle reste marquée, -26 et -30 %.

Dans l’ensemble de la région, le nombre de créations d’entreprises chute lourdement dans le commerce, -46 %. Viennent ensuite les services, - 40%, mais ce secteur est toujours celui où se font la majorité des créations. La baisse est plus limitée dans l’industrie, - 17 %.

Le nombre de créations a commencé à diminuer significativement dès la semaine du 9 au 13 mars, c’est-à-dire juste avant le confinement. Il s’est effondré dans la semaine du 16 au 20 mars.

Les déclarations d’embauche hors intérim de plus d’un mois enregistrent en mars 2020 une baisse mensuelle historique affectant significativement le bilan du trimestre (source : Acoss - Urssaf). En Bourgogne-Franche-Comté, ces déclarations d’embauche sont ainsi en diminution de 3,5 % au premier trimestre 2020 contre 5,8 % au niveau national.

Chute des transactions par carte bancaire, et donc de la consommation des ménages

Comme dans toutes les régions de France métropolitaine, un fort recul des transactions par carte bancaire s’est produit en Bourgogne-Franche-Comté lors de la mise en place du confinement le 17 mars.

Ces transactions ont légèrement augmenté la semaine précédente, par rapport à l’année précédente, ce qui s’explique par une anticipation des mesures de confinement, c’est-à-dire qu’il y a eu un pic de consommation pour effectuer du stockage par anticipation de pénuries.

Par la suite, le nombre de transactions chute, de manière similaire en France et en Bourgogne- Franche-Comté : il est, dans la semaine du 16 mars, qui n’est pas une semaine complète de confinement, d’environ 40 % inférieur à l’an passé. Les deux semaines suivantes, il est inférieur à la normale de respectivement 60 % et 55 %.

Il y a un léger redressement les semaines suivantes : ceci est peut-être dû à la réouverture de ventes à emporter dans la restauration, le bricolage et plus tard la jardinerie... ; au changement de manière de consommer avec des livraisons qui augmentent et aussi la reprise de certaines consommations autres que des denrées alimentaires. Les ménages avaient pu suspendre l’achat de certains biens pendant les premières semaines du confinement et en voyant celui-ci se prolonger, ils les ont finalement achetés.

(Source : Insee BFC - David Brion, Guillaume Volmers)

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