Jonathann Daval capable de “réactions impulsives et non maîtrisées” selon un expert psychologue

Jonathann Daval, qui a reconnu avoir violemment frappé et étranglé son épouse Alexia, est capable d’avoir « des réactions impulsives et non maîtrisées », selon un expert entendu jeudi 19 novembre 2020 au quatrième jour du procès devant la cour d’assises de Haute-Saône.

Jonathann Daval © AS

"Jonathann Daval n'existe pas, il n'existe qu'en fonction du regard des autres", a relevé le psychologue Tony Arpin. Il a une "personnalité caméléon", "une mauvaise image de lui-même" et "donne à paraître ce qu'on veut qu'il soit", a poursuivi l'expert qui l'avait rencontré trois mois après son interpellation pour le meurtre de sa femme Alexia en octobre 2017.

J. Daval n'est "pas un homme, c'est un enfant"

L'accusé a longtemps été dans le "déni" de son crime, c'est un "mécanisme de défense" : "pendant trois mois il s'est persuadé que ce n'était pas lui" tant "il ne supporte pas que son image soit ternie", estime le psychologue. Puis quand les faits étaient là, il les a fuis en accusant un autre, son beau-frère.

Mercredi Jonathann Daval s'est évanoui lors de son interrogatoire. Pour l'expert, "son corps à parlé". Il n'a pas pu échapper à ce qu'il a fait. Le psychologue va plus loin en soulignant que l'accusé n'est "pas un homme, c'est un enfant". "Il ne peut pas prendre des responsabilités", ce que lui reproche sa femme, "donc il fuit".

Et "avec son épouse, il fait face à l'impossibilité de devenir un homme en devenant lui-même père", en raison de ses problèmes d'érection qui perdurent malgré un fort traitement médicamenteux, note également l'expert psychiatre Joffrey Carpentier. Une solution a été trouvée pour ces problèmes d'érection : la prise de Levothyrox pour soigner une hyperthyroïdie, diagnostiquée en prison, selon un troisième expert, le psychiatre Jean Canterino, dernier a avoir analysé Jonathann Daval, en août 2018.

Le soir du meurtre, Jonathann Daval a expliqué qu'il avait eu une dispute avec Alexia au sujet de son comportement. Il a reconnu l'avoir violemment frappée et étranglée. "Il était prêt à supporter beaucoup de choses, mais un mot, une parole a sûrement déclenché toute cette fureur qu'il avait en lui depuis longtemps", estime Tony Arpin.

S'il sent qu'une situation va "lui échapper, il peut avoir des réactions tout à fait impulsives et non maîtrisées, c'est la faille narcissique", ajoute-t-il.

Une "pathologie de la personnalité"

Un des avocats de l'accusé, Me Randall Schwerdorffer, évoque un possible "effet cocotte-minute" que l'expert juge "tout à fait envisageable".

D'après Jean Canterino, Jonathann Daval souffre d'une "pathologie de personnalité" caractérisée par des troubles obsessionnels compulsifs (TOC). "L'obsessionnel ne peut pas distiller son agressivité. Il refoule tout. Il accumule, il accumule et un jour ça déborde" et "on voit exploser quelqu'un qui jusque là était dans l'ordre, le respect", analyse-t-il.

Selon le psychiatre, la crémation d'un corps sert à "annuler ce qu'on a fait".

Sans doute victime d'agressions sexuelles dans sa petite enfance

Enfant chétif et fragile, touché par d'importants problèmes de surdité et par un retard de parole jusqu'à l'âge de 5 ans, Jonathann sera un adolescent fragile, brimé par ses camarades quand il devra porté un corset pendant deux ans en raison d'une scoliose.

Il souffre de la perte de son père, avec lequel il ne vivait pas, à l'âge de 12 ans. A cette époque, il développe des troubles obsessionnels compulsifs, une affection souvent liée à des agressions sexuelles passées. A ce sujet, Tony Arpin estime que Jonathann Daval a ainsi vraisemblablement subi un traumatisme dans sa petite enfance, dont il ne se souvient plus, sans doute d'origine sexuelle.

(AFP)

Quitter la version mobile