Le Maire appelle “un maximum de Français” à retravailler le 11 mai

Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a appelé mercredi un « maximum de Français » à reprendre le travail à partir du 11 mai, date prévue pour le déconfinement, et à se mobiliser pour soutenir une économie asphyxiée par la crise du coronavirus.

© D Poirier

"Mon message est très simple: il faut que nous nous retroussions les manches tous ensemble", a affirmé sur LCI M. Le Maire, au lendemain de la présentation du plan de déconfinement par le Premier ministre Edouard Philippe. "Il faut reprendre le travail et il faut qu'un maximum de Français reprennent le travail", a-t-il insisté.

Dans son discours mardi, M. Philippe a mis en garde contre "le risque de l'écroulement" de l'économie française si le déconfinement n'était pas mis en oeuvre. Mais il a aussi demandé un déconfinement réalisé "progressivement, prudemment", au point que des représentants du monde des entreprises sont restés sur leur faim.

Mercredi matin, M. Le Maire a certes appelé, comme M. Philippe mardi, à "poursuivre le télétravail" dans "les entreprises où il y a beaucoup de salariés et où il est encore possible". Mais il s'est montré aussi très désireux de voir un redémarrage au plus vite de l'économie française, martelant que la "nation" devait se mobiliser.

Pour cette année, le gouvernement table sur une forte récession avec une chute du PIB de 8%, la dégringolade la plus brutale depuis 1945. Il a mis en place un plan de 110 milliards d'euros de soutien à destination des entreprises et des salariés pour atténuer l'impact.

"multiplication des faillites"

Mais malgré ces dispositifs, "il faut être lucide sur le fait qu'une fois que le choc a été absorbé" il y a un risque de "multiplication des faillites" d'entreprises, d'impact "sévère" sur l'emploi, et de perte de marchés à l'export de la France, a prévenu M. Le Maire, auditionné dans l'après-midi à l'Assemblée nationale.

Les inscriptions à Pôle emploi ont déjà connu une hausse historique en mars, avec 246.000 demandeurs d'emplois supplémentaires inscrits en catégorie A, soit un retour à un niveau proche de celui de septembre 2017.

Le ministre de l'Economie a souhaité transmettre "un message d'optimisme et de volontarisme" aux entrepreneurs et aux salariés: "Nous allons préparer ça bien et nous allons réussir cela ensemble."

M. Le Maire a également tenu à souligner que le gouvernement travaillait de manière "totalement solidaire" pour faire face à la crise, démentant à son tour l'existence de tensions au sein de l'exécutif, comme l'avait déjà fait la veille le président Emmanuel Macron.

"Personne ne comprendrait, pas un Français, que nous ne soyons pas tous mobilisés au gouvernement, dans la majorité pour aider les Français et soutenir la France", a souligné le ministre, dont le nom circule dans la presse comme successeur éventuel de M. Philippe à Matignon.

Un membre du gouvernement a toutefois confié à l'AFP en début de semaine que "les grenouillages divers et variés et la volonté de prendre la place du copain" étaient "plus exacerbés dans la période", en visant en filigrane l'offensive médiatique récente de M. Le Maire.

Plan de relance à la rentrée

Concernant les mesures pour relancer l'économie française, M. Le Maire a estimé que le gouvernement ne présenterait "certainement pas" avant la rentrée son plan de relance, assurant qu'il fallait avancer étape par étape.

Devant les députés, il a rappelé que ce plan de relance reposerait sur le soutien à l'investissement des entreprises, la relance de la consommation des ménages dont l'épargne a explosé depuis le début de la crise, et des soutiens "spécifiques" aux secteurs les plus à la peine, comme l'aéronautique, l'automobile ou le tourisme.

Le ministre a insisté en outre sur le besoin d'un plan de relance européen: "Rien ne serait pire que d'avoir la France qui prend certaines dispositions pour son plan de relance et l'Allemagne qui ne prendrait pas des dispositions similaires".

Dans cette période de crise, M. Le Maire a également annoncé le renforcement des mesures de contrôle des investissements étrangers. Le seuil de déclenchement du contrôle des investisseurs non européens prenant des parts dans une grande entreprise française sera abaissé de 25% à 10% jusqu'à la fin de l'année et le contrôle sera élargi au secteur des biotechnologies.

(AFP)

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