Les bonheurs d’une jeunesse à la ferme !

Publi-info • Alice, 17 ans, nous reçoit chez elle. Ses parents sont producteurs de lait pour le Gruyère de France à Fontenois-lès-Montbozon.

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La rencontre a lieu un après-midi un peu caniculaire. Nous commençons par visiter la ferme. Philippe Trimaille, le père d’Alice, est occupé à rentrer le regain. Il possède un troupeau de 80 Montbéliardes. Il dirige l’exploitation avec son jeune frère. Il emploie également une salariée à mi-temps, une jeune femme qui s’occupe de la traite du matin. Leur lait est transformé à la coopérative de Verchamp.

Mes questions de citadin, probablement maladroites, conduisent Alice à faire une mise au point un peu moqueuse. « Grandir à la ferme, ça n’est pas faire ses devoirs à la lumière des bougies. Et les vaches ne dorment pas dans l’arrière-cuisine. On a même l’eau chaude, je vous rassure. C’est vrai que notre quotidien est rythmé par la traite matin et soir, mais notre horizon ne se limite pas à la ferme. J’ai grandi dans une famille cultivée où l’on est curieux de tout, où l’on aime apprendre. Ma sœur Marie prépare un Master en commerce international, et ma sœur Clémence est en fac de biologie. Si l’on veut trouver un point négatif à cette vie à la ferme, quand on est jeune, c’est peut-être les déplacements. Voir ses amis, c’est forcément faire des kilomètres en vélo. C’est pas toujours marrant. Mais bon… on s’habitue. Et quand le temps est vraiment mauvais, les adultes font le taxi. Les parents des uns ramènent les enfants des autres. C’est plutôt sympa ».

En bottes et en pyjama

Après avoir fait le tour des étables, Alice m’emmène sur le haut de la prairie qui s’étend derrière les bâtiments. L’exploitation familiale couvre 136 hectares. Pendant tout notre échange, Pistache, une jeune femelle Bouvier Bernois,  suit la jeune fille comme une ombre. « Quand j’étais gamine, j’avais déjà une chienne à moi. Elle s’appelait Alouette. Je l’ai perdue au printemps dernier. Mes parents m’ont souvent raconté que lorsque j’avais quatre ou cinq ans, il m’arrivait de me réveiller tôt le matin, pendant qu’ils étaient à la traite. Il paraît que je me levais, je sautais pieds nus dans mes bottes,  je passais un anorak sur mon pyjama, et j’allais toute seule jusqu’à l’étable. Et Alouette m’accompagnait dans la nuit. En fait, c’est ça qui est formidable quand on vit dans une ferme : la maison, ça n’est pas juste la maison. C’est aussi les étables, les granges, les champs… C’est tout un univers. J’ai le souvenir de longs après-midi passés avec mes copines dans la grange, sur les balles de foin. J’adore cette odeur. On était tranquilles pour jouer. On pouvait chanter à tue-tête. Les petits veaux dans leur enclos étaient notre premier public ».

Le plaisir de manger bien et bon

Il y a deux ans, Béatrice, la maman d’Alice, a créé une boutique de produits locaux et artisanaux. L’Atelier des Papilles se trouve dans le village voisin, à Montbozon. Alice veut m’y emmener. Elle veut que je goûte son fromage (la fromagerie de Loulans Verchamp collecte le lait d'une quarantaine d'exploitations comme celle de Philippe Trimaille). L’Atelier des Papilles est un joli magasin, plus grand que je l’imaginais. Et le Gruyère est savoureux. «C’est un autre avantage de grandir dans une ferme », souligne Alice. « On se nourrit sainement. La qualité de ce qu’on mange, le goût, la provenance… c’est important chez nous. Ça fait partie de notre éducation. Je ne pourrai jamais manger n’importe quoi ».

Et l’avenir ? Alice entre en Terminale cet automne. Quand je lui pose la question, sur le chemin du retour, elle hausse les épaules d’un air insouciant. Elle ne sait pas. Elle se donne encore cette année pour y réfléchir. S’imagine-t-elle vivre ailleurs qu’à la campagne ? « Peut-être. Un jour… Pour voir autre chose. Mais je n’imagine pas rester longtemps éloignée de tout ça », dit-elle en montrant les prairies, les collines boisées et le ciel ponctué de nuages blancs. « D’ailleurs, pour l’instant je n’ai aucune envie de partir ».

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