Les Chambres de commerce contestent un rapport prônant leur refonte

Les Chambres de commerce et d’industrie (CCI) ont contesté ce mardi 21 mai le diagnostic et les préconisations d’un rapport d’inspection ministériel qui appelle à une refonte radicale de leur réseau, à des fins d’économies budgétaires.

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"Nous ne pourrons pas cautionner ce rapport, alors que nous avons travaillé avec la mission", a déclaré André Marcon, président de CCI France, l'établissement national fédérateur et animateur des Chambres de commerce et d'industrie. "Nous ne partageons pas le diagnostic et nous ne partageons pas les préconisations. Nous l'avons fait savoir tout au long du travail en commun", a-t-il ajouté.

Ce rapport de l'Inspection générale des finances (IGF), de l'Igas (Inspection générale des affaires sociales) et du Conseil général de l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies (CGEIET) est attendu pour l'été, mais le quotidien Les Echos a révélé mardi des éléments d'une version provisoire. Les auteurs de ce document mettent en avant la "situation financière confortable" du réseau des CCI et préconisent de sévères coupes budgétaires, avec des prélèvements sur fonds de roulement, réduction d'un tiers de la taxe affectée...

Ils prônent également une refonte radicale du réseau avec l'objectif de ramener le nombre de CCI de 145 aujourd'hui à une par région d'ici à 2017, d'après le quotidien. "Ce n'est pas la peine de coopérer parce que nous estimons que la mission instruit totalement à charge (...). Cette instruction à charge est inacceptable et surtout très, très dangereuse", a ajouté M. Marcon. Les chambres de commerce et d'industrie ont envoyé le 13 mai une lettre au Premier ministre Manuel Valls après avoir vu la semaine précédente la version provisoire du rapport, a précisé M. Marcon.

Dans cette lettre signée de toutes les chambres à l'exception de celle du Nord-Pas-de-Calais, les CCI mettent en garde contre les répercussions en matière d'emploi ou d'aménagement du territoire si les préconisations du rapport devaient être suivies d'effet. Elles avertissent du risque de fermeture de centres de formation des apprentis (CFA) et d'une réduction du nombre d'apprentis de 100.000 à 70.000 en trois ans.

Elles voient se profiler la fermeture d'ici 2017 de nombreux aéroports régionaux qu'elles ont contribué à construire et co-gèrent (Agen, Albi, Castres-Mazamet, Besançon, Dijon, Lannion, Nevers, Rodez, Saint-Brieuc, Strasbourg...). Elles redoutent aussi la fermeture de ports de pêche de Bretagne et de Normandie, de ports fluviaux (Reims, Mâcon...), de parcs d'exposition et de palais des congrès (Colmar, Laval...), de zones d'activité (Côtes d'Armor, Gers, Loir-et-Cher, Marne...).

Les CCI voient venir "l'arrêt des formations non rentables en direction des populations sensibles""La mission dit que nous n'avons pas grand chose à faire du côté de la formation sur laquelle existent d'autres opérateurs. Or, ce sont bien les services de l'Etat qui nous ont demandé de nous occuper aussi des chômeurs en difficulté", s'insurge M. Marcon. "80% des gens que nous formons trouvent un emploi", a dit à l'AFP M. Marcon en rappelant que les dirigeants des CCI sont élus tous les cinq ans au
suffrage universel par 2,5 millions d'entreprises.

Dans une lettre de mission aux inspecteurs datée du 6 mars, les ministres de l'époque Pierre Moscovici (Finances), Arnaud Montebourg (Redressement productif), Michel Sapin (Emploi), Marylise Lebranchu (Réforme de l'Etat) et Sylvia Pinel (Artisanat) avaient demandé de "chiffrer précisément les économies envisagées""Vos propositions devront s'inspirer des meilleures pratiques européennes", indiquait cette lettre.

(Source : AFP)
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