Pénuries de médicaments : l’UFC-Que Choisir de Doubs-Belfort tire la sonnette d’alarme

Paracétamol introuvable, antibiotiques en rupture, traitements vitaux retardés : les pénuries de médicaments, autrefois exceptionnelles, sont devenues une réalité quotidienne en France. En Franche-Comté comme ailleurs, les patients et les professionnels de santé se heurtent à ces manques, aux conséquences parfois lourdes. Pour comprendre l’ampleur du problème et envisager des pistes de solutions, nous avons interrogé Jean-Pierre Courtejaire, administrateur de l'UFC Que Choisir Doubs-Territoire de Belfort. L’association de défense des consommateurs dresse un constat sans appel et avance plusieurs recommandations pour garantir l’accès de tous aux médicaments essentiels.

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Quel constat peut-on faire ?

Jean-Pierre Courtejaire : ”En France, la consommation de médicaments est particulièrement élevée. Les pénuries sont en forte croissance depuis le début de la décennie. Parmi les plus touchés figurent les traitements , tels que le paracétamol ou l’amoxicilline (antibiotique), pourtant sur la liste des médicaments essentiels. Certains antidépresseurs connaissent aussi des ruptures, cela peut être lié à une forte demande. En fait, toutes les classes de médicaments sont concernées, qu’elles visent les maux du quotidien ou qu’elles soient d’un intérêt vital. Par ailleurs,  les pénuries peuvent inciter les usagers à constituer des stocks de précaution.”  

Quelles sont les causes ? 

Jean-Pierre Courtejaire : ”Les raisons des ruptures d’approvisionnement sont multiples, elles peuvent être liées à la production (indisponibilité de matières premières, problèmes de fabrication, défaut de qualité…) ou à la distribution, dans la mesure où les industriels sécurisent en priorité l’approvisionnement des produits rentables. L’augmentation de la demande, à laquelle ne peut répondre l’offre, est un autre facteur d’explication.” 

Quelles solutions existe-t-il ?

Jean-Pierre Courtejaire : ”Les pouvoirs publics se contentent le plus souvent d’essayer de gérer les pénuries sans aller jusqu’à l’adoption de mesures structurelles et à l’application de sanctions financières visant les laboratoires. C’est ainsi que fin 2023 a été rédigée une charte approuvée par les acteurs, mais sur la base du volontariat ; de même, une feuille de route 2024-2027 a été présentée par l’exécutif, sans résultats probants à ce jour. De même, l’Assurance maladie a proposé une incitation financière aux médecins généralistes, pour qu’ils réduisent leur prescription. En cas de pénuries de médicaments essentiels, les pharmacies sont incitées à les délivrer à l’unité. En termes d’information, les officines commencent à pouvoir, grâce à leur logiciel, indiquer aux patients  où ils sont susceptibles de trouver le produit manquant. En cas de rupture durable, le patient peut demander à son prescripteur de lui proposer une alternative (molécule équivalente, générique …) en veillant à la posologie.Cependant, ces produits de substitution ne sont pas sans risques pour les usagers (inadaptation relative, effets secondaires…). Enfin, un report ou une annulation de traitement peut entrainer de lourdes conséquences médicales ou une perte de chance.

Mais combattre les pénuries, c’est surtout assurer une indépendance sanitaire de notre pays avec une réindustrialisation permettant de produire en France les médicaments essentiels, pour lesquels une vulnérabilité a été identifiée, si ce n’est que les candidats ne sont pas légion.” 

Quelles sont les préconisations de l’UFC-Que Choisir ? 

Jean-Pierre Courtejaire : ”Notre association demande :

En conclusion, il faut passer d’une gestion des pénuries à une sécurisation de l’approvisionnement.”

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