Ré-autorisation de pesticides interdits : l’UFC-Que Choisir dénonce “une grave atteinte démocratique, environnementale et sanitaire”

Dans un communiqué du 31 août 2020, l’UFC Que choisir a annoncé qu’elle boycotterait la séance du 1er septembre au Centre national de la transition écologique (CNTE) suite à la ré-autorisation de pesticides interdits depuis 2 ans, les néonicotinoïdes dans l’agriculture.

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"En voulant ré-autoriser les néonicotinoïdes, dans un premier temps pour la betterave et potentiellement pour toutes les cultures, le gouvernement met en péril la stratégie française d'éradication des pesticides les plus dangereux. Ce projet, déjà ficelé, ne fera l'objet d'aucun débat au CNTE réuni mardi 1er septembre, d'aucun avis, mais d'une simple présentation", a indiqué l'UFC Que choisir. C'est la raison pour laquelle l'association a boycotté la séance

"Sous la pression du lobby de l'agriculture intensive"

Elle explique également que "Après avoir enterré les promesses d’interdire le glyphosate d’ici 2021, après avoir autorisé l’épandage des pesticides au ras des habitations, voilà que le gouvernement recule à nouveau sous la pression du lobby de l’agrculture intensive et de l’industrie sucrière, en ré-autorisant les néonicotinoïdes -une classe de pesticides particulièrement dangereux- pour la culture de la betterave."

Quelles sont les particularités des néonicotinoïdes ? 

L'UFC explique que les néonicotinoïdes sont des insecticides qui ont la particularité de se diffuser dans l'ensemble de la plante et dans le pollen par les abeilles et autres insecte pollinisateurs, entraînant leur mort par la détérioration du système nerveux." Elle ajoute que "Ces molécules se dégradant très peu, elles persistent longtemps après les traitements et contaminent les cultures suivantes pendant des années, la micro-faune des sols ainsi que les cours d’eau et les nappes phréatiques qui alimentent nos réserves d’eau potable. Du fait des dangers liés à leur utilisation ces pesticides étaient donc interdits en France depuis 2018*". 

Une ré-autorisation potentiellement applicable à toutes les cultures

Selon l'association, "pendant que d’autres filières agricoles s’engagent vers le développement d’alternatives, la filière betteravière s’entête dans ses pratiques intensives et polluantes, et vient d’obtenir du Gouvernement la ré-autorisation de ces pesticides pour au moins trois ans, au prétexte que la culture de la betterave ne pourrait plus s’en passer." Cette décision, "particulièrement irresponsable qui concerne pas moins de 200.000 hectares" selon l'UFC, "met en danger le principe d'une interdiction générale des néonicotinoïdes votée par le Parlement en 2016, et ouvre la voie au même relâchement pour beaucoup d’autres cultures."

La filière du maïs vient en effet de réclamer le même traitement de faveur. Le projet de loi confirme ce risque puisque la procédure prévue, loin de se limiter à la betterave, s’applique explicitement à toutes les cultures.

"Un mépris de la société civile"

Le projet de loi sera présenté au CNTE où est représentée la société civile "plutôt que de faire l'objet d'un authentique débat". Pour l'UFC, "Cette méthode est aux antipodes des exigences d'une démocratie moderne. Il s'agit d'une mascarade, le ministre de l’Agriculture ayant déjà présenté début août la ré-autorisation des néonicotinoïdes pour la filière betteravière comme une décision définitive."

L'association ajoute qu'"alors que la mission du CNTE est justement d’aider les pouvoirs publics à définir la stratégie et les modalités de la transition environnementale, le gouvernement a délibérément choisi de ne pas le consulter et de s’en tenir à une simple information sur le contenu du projet de loi déjà finalisé." Pour elle, "ce procédé signe ainsi une dérive inquiétante du gouvernement, qui réduit jour après jour les possibilités pour la société civile et les ONG, comme l'UFC-Que Choisir, de faire entendre leurs voix, en contrepoids des divers lobbies industriels."

L'UFC-Que Choisir a boycotté la réunion de ce mardi du CNTE. "Au vu des graves risques environnementaux et sanitaires que fait courir cette ré-autorisation, l'association :

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