Réduction des déficits publics français: ni relâchement, ni austérité

Le gouvernement ne fera pas preuve de relâchement dans sa lutte pour la réduction des déficits publics, mais il n’y aura pas de plan d’austérité, a déclaré le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, au lendemain de l’octroi par Bruxelles d’un délai supplémentaire à la France pour atteindre ses objectifs.

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"Il n'est pas question de relâcher en quoi que ce soit l'effort de réduction des dépenses", a déclaré M. Moscovici, mais "il n'y aura pas de surajustement structurel, pas de plan d'austérité, pas d'objectif impérieux de satisfaire à un chiffre", a-t-il prévenu. Il a salué la "décision fondamentale" de la Commission européenne d'accorder un délai supplémentaire à Paris pour passer sous la barre des 3% de déficit public.

"Nous sommes en train d'inventer un nouveau chemin entre réduction des déficits et croissance, cela nous donne le temps de mettre nos réformes à l'oeuvre", a indiqué le ministre, estimant que la Commission avait opéré un "changement de doctrine".

Bruxelles a décidé de desserrer la bride de l'austérité à certains pays de la zone euro, dont la France, en accordant vendredi des délais pour ramener les déficits publics dans les clous, après avoir dressé un tableau très sombre de l'économie européenne.

En France, "il y aura des réformes structurelles mais pas de surajustement structurel, pas de coupes supplémentaires dans la dépense publique, c'est ce qui tue la croissance", a prévenu le ministre. "Le sérieux budgétaire oui, l'austérité non", a-t-il ajouté.

La Commission s'est dite prête à accorder à la France un délai de deux ans, soit jusqu'en 2015, pour ramener son déficit public sous les 3% du PIB, et a confirmé son intention de laisser aussi deux ans de plus à l'Espagne.

 Notre programme de stabilité est toujours sur la table

M. Moscovici a affirmé que "les engagements seront tenus", et que "notre programme de stabilité (qui prévoit notamment le rythme de réduction des déficits du gouvernement, et qui anticipe un équilibre structurel à l'horizon 2016, ndlr) est toujours sur la table".

Revenant sur les prévisions économiques de la Commission européenne, il a expliqué pourquoi selon lui elles étaient inférieures à celles du gouvernement. L'écart entre la prévision bruxelloise de croissance française 2013 (contraction de 0,1 du PIB) et la prévision parisienne (+0,1%) n'est "pas significatif, c'est l'épaisseur du trait

Sur la prévision de déficit public, alors que le gouvernement prévoit de le réduire à 2,9% du PIB, la Commission anticipe qu'il sera à 4,2%, un écart "spectaculaire mais qui s'explique aisément", selon M. Moscovici.

La Commission européenne ne peut pas prendre en compte les mesures "prévues et pas encore votées" dans le projet de loi de finances 2014 qui représentent un point. Le 0,3 point manquant correspond à l'écart de prévision de croissance, selon lui.  Interrogé sur le point de savoir si les délais octroyés par la Commission ne risquaient pas d'induire un sentiment de relâchement généralisé en Europe, M. Moscovici a répondu : "Ce n'est pas notre sentiment".  "L'Europe ne peut être aimée que si elle suscite la croissance, une Europe punitive provoque le rejet" des peuples, a-t-il dit.  "Ce pour quoi plaide la France, ce n'est pas du tout pour le laxisme, nous plaidons pour la souplesse, le bon rythme et le bon équilibre entre réduction des déficits nécessaire et croissance indispensable".

Il a enfin salué l'action de la Banque centrale européenne (BCE) qui a baissé jeudi son principal taux directeur et a dit qu'elle était prête à poursuivre si nécessaire. "La BCE a bien compris que la croissance était nécessaire. BCE et Commission européenne sont convergentes. Il s'agit de mettre la croissance au coeur de l'agenda européen".

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