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Au lendemain de la restitution du « Grand débat » par Edouard Philippe autour de quatre axes pour sortir de la crise des Gilets Jaunes, que pensez-vous de la persistance du mouvement ?

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Plus de 1,5 million de personnes ont participé directement au grand débat d'après les comptages officiels: un tiers via le site dédié, un tiers dans les quelque 10.000 réunions locales, un tiers dans les 16.000 cahiers de doléances ou par courrier libre.

Baisses d'impôts face à une "immense exaspération fiscale", besoin de "lien quotidien", d'une démocratie plus "délibérative" et de répondre à l'"urgence climatique": Édouard Philippe a esquissé son chemin de sortie de la crise des "gilets jaunes" lors de la présentation du bilan du grand débat national. À quelques jours des premières annonces du président Macron, attendues mi-avril, il s'agit de répondre à "un immense besoin de justice et d'équité" des Français, a estimé le chef du gouvernement.

Le discours a surtout agacé à gauche, où l'on accuse le Premier ministre d'avoir livré une analyse orientée et de préparer en réalité une accélération, plutôt qu'une correction, des réformes menées depuis le début du quinquennat. Emmanuel Macron, dont la prise de parole est attendue autour de la semaine prochaine, s'est engagé à répondre sans "reniement" ni "entêtement" aux souhaits des Français, un "en même temps" qui maintient le flou. "Si c'était de l'eau tiède, ce serait un échec", a commenté François Bayrou, patron du MoDem et allié de la majorité, tout en disant avoir "la certitude" que ce n'est pas le but du chef de l'État.

Retour sur les annonces d'Édouard Philippe

L'exécutif retient du grand débat qu'il faut "baisser plus vite les impôts" face à une "immense exaspération fiscale", a affirmé lundi Edouard Philippe, qui veut plus largement répondre sans "frilosité" à "un besoin de changement radical" des Français. "La première exigence, c'est en fait une immense exaspération fiscale", a déclaré le Premier ministre lors d'un discours au Grand Palais concluant le compte-rendu détaillé des remontées du grand débat en France.

Face à "une sorte de tolérance fiscale zéro", "les débats, je le crois, nous indiquent clairement la direction à prendre: nous devons baisser et baisser plus vite les impôts", a-t-il dit. Avant une adresse au Parlement mardi et mercredi, et à quelques jours des premiers arbitrages du président Macron, le Premier ministre a affiché la volonté de l'exécutif d'annoncer des décisions fortes après la crise des "gilets jaunes" et trois mois de grand débat national.

"Nous sommes parvenus à une situation où hésiter serait pire qu'une erreur, ce serait une faute. Le besoin de changement est si radical que tout conservatisme, toute frilosité serait à mes yeux impardonnable", a-t-il affirmé. "Le président l'a dit, nous ne pourrons plus gouverner comme avant", a déclaré le Premier ministre, jugeant nécessaire "de construire les outils d'une démocratie plus délibérative". "Certains annonçaient la fin de la démocratie représentative et l'avènement de ce qui aurait pu être une forme de démocratie directe et médiatique permanente. Ça n'est pas ce que les Français veulent, ils sont exigeants, ils veulent une démocratie plus représentative, plus transparente, plus efficace et une exemplarité encore renforcée", selon les conclusions du Premier ministre.

Quant à l'écologie, "nos concitoyens nous disent qu'ils sont prêts à changer de comportement, dans un grand nombre de domaines, en revanche, ils ne veulent pas, ils ne veulent plus, que des taxes leur dictent ce qu'il doivent faire et dans les cas où ils peuvent l'envisager, ils veulent que leurs produits financent des dispositifs d'accompagnement", a relevé l'ancien maire du Havre après trois heures de compte-rendu.

"Ces réunions (du grand débat) ont fait honneur à leurs participants" et "au débat démocratique", a-t-il salué, en s'en prenant aux "exemples de violences que d'autres se complaisent à donner chaque samedi" lors de manifestations de "gilets jaunes".

"Je voulais sauver des vies, ...on m'a accusé de vouloir remplir les caisses"

Le Premier ministre Edouard Philippe a regretté la "défiance" manifestée au moment de l'instauration de la limitation de vitesse à 80 km/h, une mesure impopulaire décidée pour "sauver des vies" et non pour "remplir les caisses" de l'État.

"La bonne foi, c'est celle qui m'a par exemple conduit à instaurer le 80 km/h parce que je ne pouvais pas accepter l'hécatombe quotidienne qui brise des vies, des familles, des existences", a expliqué M. Philippe, lors de la présentation du compte rendu du grand débat national. "Je voulais sauver des vies, on m'a accusé de vouloir remplir les caisses" de l'État, a-t-il regretté.

La limitation de vitesse à 80 km/h, entrée en vigueur le 1er juillet 2018 sur les routes secondaires à double sens sans séparateur central, a été parmi les mesures les plus contestées dans la crise des "Gilets jaunes".

Au cours de son discours, le Premier ministre a estimé que les Français avaient notamment exprimé "une exigence démocratique". "Nous ne sommes pas parvenus à concilier les Français avec ceux qui les dirigent", a-t-il poursuivi, évoquant "les mots très durs, très violents" utilisés à l'égard du "gouvernement, des élus ou des fonctionnaires". "J'ai dû moi-même apprendre à gouverner avec cette défiance", a-t-il ajouté, en allusion à sa mesure phare relative à la sécurité routière. "Je ne me résigne pas à abandonner cette ambition en matière de sécurité routière. C'est une grande politique publique au service de nos concitoyens, elle est indispensable", a-t-il ajouté: "Mais je dois apprendre à composer avec l'incompréhension ou le rejet de certains de nos concitoyens". En janvier, lors d'un débat dans l'Eure, le président Emmanuel Macron s'était dit pour la première fois ouvert à des aménagements locaux sur le 80 km/h, au risque de désavouer le chef du gouvernement.

(Avec AFP)

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