Taxe sur les transactions financières: Paris veut aller “vite et fort”

Le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, a affirmé mardi que le gouvernement voulait « aller vite » et « fort » dans la mise en place d’une taxe sur les transactions financières, qui a reçu le soutien de onze pays européens.

"Nous voulons aller vite, nous voulons aller fort. C'est un objectif politique majeur (qui) est soutenu par toute la majorité", a déclaré M. Moscovici au cours des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. "Nous souhaitons une assiette large qui porte évidemment sur les devises, c'est la taxe Tobin, mais aussi certaines transactions sur (produits) dérivés, parce que c'est là où se niche la spéculation", a-t-il ajouté.

Concernant son affectation, le ministre s'est contenté d'avancer des pistes. "Il est encore tôt pour aller dans les détails", a-t-il indiqué, mais "je dirais qu'il y a au moins deux choses qui peuvent être visées: d'abord une partie doit être affectée au développement et puis une deuxième partie a l'économie".

"Ce matin, le président de la République, s'agissant du chômage des jeunes, évoquait l'éventualité d'en affecter une partie à un budget de la zone euro qui serait contra-cyclique", a-t-il souligné. La taxe sur les transactions financières avait franchi une étape majeure fin janvier avec l'aval de l'Union européenne à son lancement par onze Etats membres, mais le taux, l'assiette et l'affectation de cette taxe restent à préciser.

30 à 35 milliards par an

Il s'agit de la France, l'Allemagne, la Belgique, le Portugal, la Slovénie, l'Autriche, la Grèce, l'Italie, l'Espagne, la Slovaquie et l'Estonie. Cette taxe devrait générer des recettes de l'ordre de 30 à 35 milliards  d'euros par an, selon la Commission européenne et devrait être mise en oeuvre au mieux "fin 2014", selon M. Moscovici.

A l'occasion de la présentation du rapport annuel de la Banque de France, son gouverneur, Christian Noyer, s'est pour sa part montré critique vis-à-vis de cette taxe, en l'état actuel de l'avant-projet de la Commission. Il a notamment mis en garde contre le fait qu'elle pourrait conduire à "détruire" certains compartiments des marchés financiers et qu'elle "ne rapporterait rien".

"Dès lors que les Etats ont un objectif politique, il faut trouver les moyens de faire une taxe qui probablement ne rapportera pas grand-chose, parce que ce n'est pas possible autrement, (...) et que ça n'ait pas trop d'effets perturbateurs sur le financement de l'économie réelle", a insisté M. Noyer. "Nous sommes disposés à travailler avec les Etats pour les aider à calibrer quelque chose qui tienne la route", a-t-il ajouté.

(source : AFP)

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