Anne Vignot, souhaite-t-elle se faire vacciner ?

Alors que près de 5.000 doses ont été reçues au CHRU de Besançon ce mardi 5 janvier 2021, nous avons tenté d’en savoir plus sur l’opinion d’Anne Vignot, maire de Besançon en terme de vaccination…

© Alexane Alfaro

maCommune.info : Jugez-vous utile de mettre en place un "vaccinodrome" ?

Anne Vignot : "Ce qui m'intéresse surtout, c'est de savoir comment on va être efficace en matière de vaccination. Le préfet m'a sollicitée pour sa mise en place. En relation avec l'ARS, nous essayons de voir dans quelle mesure le "vaccinodrome" est une solution ou pas.

Il faut savoir que nous avons un réseau en France de 100.000 médecins généralistes. Je ne sais pas pourquoi on ne s'est pas appuyé sur eux. Les infirmières savent très bien faire ce travail aussi. Je ne suis pas en capacité de vous dire quel a été le schéma décisionnel du gouvernement pour aller sur ces vaccinodromes.

Je vois que beaucoup prennent des postures politiques. Moi, ce qui m'intéresse, c'est de voir l'efficacité.

Nous sommes prêts. Nous mettons en place la logistique qu'il faut, que ce soit pour aider le monde médical ou pour installer un vaccinodrome. C'est un choix du gouvernement".

mC : Voulez-vous vous faire vacciner dès que vous le pourrez ?

Anne Vignot : "Moi, aujourd'hui, je ne parle pas de moi. Je ne parle que d'une seule chose. J'ai besoin d'avoir des soignants et des personnes vulnérables qui soient vaccinés. J'ai besoin d'avoir une population qui sorte de cette situation-là.

En plus, c'est un vaccin qui a priori ne permet pas d'éviter la contagion. Moi, ce qui m'intéresserait, c'est de me faire vacciner si je savais que ça évite de contaminer les autres. Pour l'instant, ce n'est pas le cas".

mC : Que pensez-vous de la lenteur de la vaccination en France ? Et concernant la réticence des Français à se faire vacciner ?

Anne Vignot : "En France, il y a une réticence qui s'est développée autour du vaccin avec un certain nombre de doutes en particulier sur des adjuvants, etc.

De plus, nous avons à peu près tout entendu sur les messages en matière de vaccination. Ce n'est donc pas étonnant que la population s'interroge. Je crois beaucoup à l'action de Santé publique.

Si l'on pose les questions : pourquoi ce vaccin et pas un autre ? Est-ce que la phase 3 a bien été menée ? À un moment donné, nous sommes obligés de faire confiance aux épidémiologistes et au corps médical.

Sur la lenteur de la vaccination, je ne comprends pas pourquoi on se trouve dans ce manque de clarté. L'état s'adresse aux collectivités en demandant de mettre en place des lieux de vaccination. Il aurait d'abord fallu s'adresser au corps médical, aux médecins généralistes.

Autre mystère : quand on nous dit que l'on vise les personnes vulnérables de + de 50 ans. Ensuite, on voit arriver les soignants, ensuite les + de 75 ans, les pompiers... Je constate qu'en quelques heures, on ne cesse de transformer les cibles. Je ne comprends pas.

Nous avons eu la chance lundi d'avoir un échange très intéressant avec un ambassadeur de France en Suisse. Il nous a exposé la campagne dans le pays. Certes, ils sont hors Europe et ils ont investi comme ils ont voulu. Ils ont des hôpitaux renouvelés, un personnel très fortement rémunéré et en majorité en temps partiel. Ils ont une capacité d'accueil supérieure à nos hôpitaux.

Nous, nous avons réduit les moyens. En période de crise, nos hôpitaux sont forcément en très grande tension.

Je regrette que l'État se tourne en dernier recours vers nous".

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