26 000 jeunes Francs-Comtois scolarisés dans le privé

Dans la région, l’enseignement catholique constitue 99% de l’enseignement privé sous contrat. 26 000 élèves fréquentent aujourd’hui 131 unités pédagogiques répartis dans les quatre départements francs-comtois.

La Franche-Comté n’est pas la région où l’enseignement catholique est le mieux implanté. Depuis toujours, c’est l’ouest du pays qui tient le haut du pavé avec des proportions allant jusqu’à 50% de taux de scolarisation. Dans la région, on est plutôt dans une fourchette de 10% à 20% en moyenne. Le lycée des Compagnons du devoir à Mouchard dans le Jura est le seul gros établissement privé non catholique sous contrat. Tous les autres sont d’obédience chrétienne. Il n’y pas d’école confessionnelle relevant d’autres religions.

A part un frère, qui officie au lycée agricole de Levier, il n’y a plus de religieux qui enseignent dans le privé catholique et tous les établissements sont dirigés par des laïques. Le basculement du tout religieux au tout laïque s’est opéré dans les années 80. Ils sont aujourd’hui au nombre de 1764 laïques à enseigner dans le privé sous contrat.

La première motivation des parents des 26 000 enfants scolarisés n’est pas religieuse. Loin s’en faut. Au niveau national, on estime que seulement 10% d’entre eux mettent ce critère en avant au moment du choix en faveur du privé.

« Faire grandir le jeune dans sa globalité »

« Il est vrai qu’on ne vient plus chez nous pour l’aspect catholique de l’école. Pourtant, sans y mettre de nom, les parents viennent chercher ici un accompagnement du jeune dans sa globalité. Pour venir chez nous, il faut s’inscrire, il n’y a pas d’automatisme. Notre projet pastoral, c’est de faire grandir le jeune dans sa globalité, pas seulement dans la réussite scolaire. On a une mission spécifique, complémentaire à l’enseignement public dont nous sommes le partenaire», souligne, très diplomate, Philippe Pillot, ancien directeur de Notre-Dame des Anges à Belfort et de Saint-Joseph à Héricourt, qui dirige aujourd’hui à Besançon le centre interdiocésain de l’enseignement catholique qui couvre toute la Franche-Comté. D’ailleurs la participation à l’enseignement du catéchisme est facultative.

Défaillance présumé du public, raison géographique, recherche d’options… Les motivations sont nombreuses pour mettre sa progéniture dans le privé. Mais pour Philippe Pillot, « c’est avant tout le type d’accompagnement que nous proposons que recherchent les parents, c’est notre volonté de faire réussir chacun ». Autre spécificité, selon lui, « la grande souplesse » dont bénéficient les structures privées. « Nous avons l’obligation des respecter les programmes, mais on a toute liberté pour leur mise en œuvre. On a la liberté d’innover sur le terrain. C’est notre force et notre richesse. Il ne faut pas attendre que les choses tombent de haut. Je suis là pour fédérer, pas pour émettre des injonctions ».

Moins d’enseignants, plus d’élèves

Les écoles catholiques sont soumises aux mêmes contraintes de suppressions d’effectif. « Nous avons perdu 5% de nos moyens d’enseignants en trois ans, alors que nos effectifs d’élèves sont en hausse de 3%. En neuf ans, j’ai perdu 240 enseignants », note Philippe Pillot en précisant que la suppression d’un prof équivaut en fait à la suppression d’une classe. Le directeur interdiocésain ne conteste pas la participation de l’enseignement catholique à l’effort national. C’est la forme qu’il remet en cause. « Nous avons des propositions alternatives aux suppressions de postes comme la réduction du temps scolaire, la suppression d’options, le développement de la formation à distance… ».

Le directeur régional signale également que de nombreux postes d’enseignants sont à pourvoir et qu’il existe un master « métier de l’enseignement, de l’éducation et de la formation »  à Dijon qui forme les futurs profs de l’école privée. Le critère de la religion ne rentre évidemment pas en ligne de compte. En revanche, celui du « prendre soin de l’autre » est primordial, insiste Philippe Pillot. « Aider un élève après les cours, ne relève-t-il pas de notre projet pastoral reposant sur les valeurs chrétiennes ? ». Pour lui, la réponse est dans la question.

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