Affaire Leonarda : la mobilisation des lycéens paraît faiblir

Alors qu’à Besançon un appel à la mobilisation a été lancé pour jeudi 7 novembre 2013, les manifestations organisées ce mardi 5 novembre à Paris et dans plusieurs villes de province pour réclamer l’arrêt des expulsions de jeunes étrangers scolarisés laisseraient apparaître un essoufflement de la mobilisation des lycéens et des étudiants.

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A la mi-journée à Paris, plusieurs centaines de manifestants ont quitté la place de la République vers Nation, à l'appel des syndicats lycéens Fidl et UNL et du syndicat étudiant Unef, sous la pluie et une forte escorte policière, a constaté un journaliste de l'AFP. Lucas Ravaud, du mouvement interlycéen indépendant, un collectif informel, a évoqué la présence de 1.000 à 2.000 personnes. "C'est pas énorme, mais il y a des raisons: répression des proviseurs, bac de sport, inscription au bac..." a-t-il avancé. Les manifestations précédentes avant les vacances de la Toussaint avaient mobilisé plusieurs milliers de jeunes.
 
"On manifeste pour demander la régularisation de tous les élèves sans papiers qui suivent un cursus scolaire, il n'y a pas que Leonarda et Khatchik", les deux jeunes dont l'expulsion a déclenché le mouvement, a expliqué Lucas Ravaud. Leonarda Dibrani, 15 ans, a été expulsée le 9 octobre du Doubs vers le Kosovo après avoir été interpellée par la police lors d'une sortie scolaire. Khatchik Kachatryan, 19 ans, lycéen à Paris a lui été expulsé le 12 octobre vers l'Arménie.
 
Beaucoup de manifestants arboraient un autocollant rouge en forme de coeur "L'humain d'abord", slogan du Front de gauche, tandis que les jeunes scandaient "1ère, 2e, 3e génération, nous sommes tous des enfants d'immigrés".
 
Cette mobilisation est "un tour de chauffe" avant celle prévue jeudi, selon le président de la Fidl, Maximilian Raguet, arguant que la pluie sur Paris avait pu décourager les jeunes. Selon le rectorat de Paris, 18 lycées - sur une centaine - ont été "perturbés" dans la matinée. La Fidl a recensé 30 lycées "lourdement perturbés à Paris", dont Charlemagne ou Victor-Hugo. 
 

En province 

 
Une cinquantaine de lycéens réunis devant la préfecture de l'Isère, à Grenoble, scandaient "Nous sommes tous des enfants d'immigrés". De petits rassemblements se sont tenus devant trois lycées de l'agglomération de Rouen. A Nancy, entre 150 et 200 lycéens ont battu le pavé pour "s'opposer à toutes les expulsions des élèves en cours de scolarisation, y compris leurs familles", selon Eliott Pavia, de l'UNL. En revanche, tout semblait calme en Franche-Comté, région d'accueil de Leonarda.
 
Quatre établissements ont connu des perturbations à Gardanne et Marseille. A Mende, environ 150 lycéens ont répondu à un appel à la grève dans deux lycées, selon la police.
 
Des manifestations sont par ailleurs annoncées à Strasbourg, Metz, Reims, Lille (à l'appel également des syndicats de salariés CGT, CFDT, FSU, Solidaires), Marseille, Bordeaux ou encore Alençon.
 
Lundi, le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, avait appelé les jeunes à éviter de recourir à "la violence et au blocus", affirmant que "leur émotion légitime" avait été "entendue" avec une circulaire permettant de "sanctuariser l'école et le périscolaire". Reste que les manifestants jugent nécessaire de "changer" la loi elle-même, qu'ils perçoivent comme "injuste", rejetant les concessions faites le 19 octobre par le chef de l'Etat. Celui-ci avait proposé à la collégienne rom kosovare de revenir étudier en France mais sans sa famille.
 
(source : AFP) 
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