Chalon : nouveau rebondissement autour des menus sans porc

Respect du « principe de laïcité » ou atteinte à la « fraternité » ? La fin des menus de substitution au porc dans les cantines de Chalon-sur-Saône a donné lieu lundi à une nouvelle passe d’armes devant le tribunal administratif de Dijon.

Cantine à Besançon. © Damien P.

Après un premier recours rejeté durant l'été, la Ligue de défense judiciaire des musulmans, association présidée par l'avocat Karim Achoui, a réclamé de nouveau en référé la suppression de la délibération du conseil municipal de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), supprimant les menus sans porc dans les restaurants scolaires.

"On dit aux enfants musulmans : 'Reprends deux fois des frites'. C'est du bricolage qui est proposé", a dénoncé l'un des avocats de l'association, Me Nicolas Gardères. "Bien sûr que les enfants ne vont pas mourir de faim mais dans une société démocratique, égalitaire, c'est aussi le problème de la fraternité", a-t-il poursuivi, estimant que les menus de substitution au porc dans les cantines relevait de "la doctrine de l'Etat depuis trente ans".

Une dcéision "savemment réfléchie", soutenue par Nicolas Sarkozy

À Chalon-sur-Saône, cette pratique avait cours depuis 1984. L'avocat de la municipalité, Me Philippe Petit, a défendu le "retour à la règle de droit" du maire (Les Républicains) Gilles Platret. "Le principe de laïcité consiste à ne pas prendre en compte les prescriptions religieuses et philosophiques et non pas à faire l'addition de toutes les demandes", a-t-il plaidé. Selon M. Platret, sa décision va "aboutir à quelques chose de moins stigmatisant qu'avant: la fin du fichage confessionnel et la fin du regroupement des enfants par pratiques alimentaires".

La décision du juge administratif Marc Heinis est attendue "d'ici la fin de la semaine". À la fin de l'audience, M. Heinis a dit avoir conscience de "l'enjeu très important" de cette affaire au "retentissement national". La prise de position du maire de Chalon avait déclenché une polémique, y compris dans son propre camp. Si plusieurs ténors de droite avaient pris leurs distances, le président des Républicains Nicolas Sarkozy avait soutenu l'édile chalonnais. Pour Me Achoui, "la décision de M. Platret est politique et savamment réfléchie".

(Source : AFP)

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