Confrontée à une vague de suicides, la police mise sur ses “Sentinelles”

Au terme d’un mois de janvier noir marqué par douze suicides dans ses rangs, la police cherche à anticiper les passages à l’acte en développant son réseau de « Sentinelles », des policiers formés pour repérer leurs collègues fragilisés.

© d.Poirier ©

12 policiers ont mis fin à leurs jours depuis le début de l'année : onze hommes et une femme. Deux de plus qu'en janvier de 2019, dernière année noire dans l'institution avec 59 suicides. En moyenne, de 30 et 60 fonctionnaires de police mettent fin à leurs jours chaque année.

Le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, "impliqué pour que les choses changent" selon un acteur du dossier, a réuni le 20 janvier syndicats, mutuelles et associations spécialisées. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin doit les recevoir à son tour ce vendredi en fin de journée.

Une décision a déjà été prise : accélérer le déploiement des "Sentinelles", des policiers formés à la détection des signaux faibles des difficultés de leurs collègues.

Une première phase expérimentale a permis d'en former 41 en 2021 dans des commissariats, à la Police aux frontières (PAF) ou dans des centres de rétention administrative. L'objectif est de disposer d'un vivier de près de 2.000 de ces policiers fin 2022.

"Aidantes par nature", ces personnes sont choisies parce qu'elles occupent un "rôle visible", "au cœur" de leur service, "soit au secrétariat, soit parce qu'elles sont chefs d'une brigade, soit parce qu'elles font partie des plus anciens", précise la "Sentinelle""Cela fait vingt-cinq ans qu'on a 45 suicides par an en moyenne, il est temps d'essayer de nouveaux chemins", exhorte le porte-parole de "Peps SOS Policiers en détresse", Christophe Girard.

L'association, composée de 26 policiers, a reçu plus de 6.000 appels d'agents l'année dernière.

Frédéric Veaux lui a donné le "feu vert", dit M. Girard, pour se rendre au printemps au Canada, un pays pionnier dans la prévention du suicide dans la police. Grâce à ses "Sentinelles", la police de Montréal avait réduit de 79% le nombre de suicides dans ses rangs entre 1997 et 2008, alors ramené à seulement quatre cas.

Gérald Darmanin a aussi annoncé l'arrivée de vingt psychologues supplémentaires au sein du service de soutien psychologique opérationnel (SSPO), portant leurs effectifs à 120 pour les 145.000 policiers de France.

(Avec AFP)

Quitter la version mobile