Des ateliers “parents après la séparation” de la CAF pour apprendre à réécrire le quotidien

La séparation, « c’est une tranche de vie qui s’effondre ». À Belfort, la Caisse d’allocations familiales propose des séances « Parents après la séparation » pour réécrire le quotidien entre parents et enfants.

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Après 16 ans de vie commune, une fille de 10 ans et des jumeaux de 8 ans, Michel a "pris la séparation en pleine figure: elle est partie très rapidement, en avril dernier, elle avait quelqu'un d'autre...". "C'est une tranche de vie qui s'effondre. Tout ce qu'on a créé ensemble s'écroule, se casse du jour au lendemain, c'est douloureux", confie cet ingénieur de 46 ans au visage marqué par des nuits sans sommeil.

Confronté à une situation de plus en plus crispée avec la mère de ses enfants, en garde alternée, il s'est rendu avec elle à une des séances "Parents après la séparation" proposées tous les deux mois par la CAF du Territoire-de-Belfort. "On était incapables de discuter", dit-il, amer. "Matériellement, socialement, on a un cadre qui est censé être simple. Pourtant, tout est compliqué dans cette séparation".

Du couple au binôme parental 

"Le stress, la souffrance engendrent des difficultés émotionnelles et la capacité parentale est momentanément diminuée. C'est normal, il faut l'accepter", explique une intervenante, Jeanne Wagner. Selon cette médiatrice familiale, "l'enjeu c'est de passer d'une relation de couple à un binôme parental" où l'enfant doit "être à l'abri des tensions".

En 2010, environ 350.000 couples se sont séparés en France, la moitié impliquant des enfants mineurs, indique la CAF. "Si les portes claquent, la séparation va abîmer l'enfant. En revanche, si le conflit s'apaise, l'enfant s'adaptera et sera soulagé", souligne une intervenante de la CAF, Marie-Agnès Demeusy.

Il a "le droit d'entendre et de comprendre la situation, d'entendre qu'il n'est pas responsable et qu'il conserve l'affection de ses parents", dit-elle. Lors des séances, ces mots trouvent écho chez des parents en proie à des situations très différentes. Ils hochent la tête, pleurent ou laissent exploser leur colère. 

Selon les vécus, c'est plus ou moins "compliqué de ne pas impliquer les enfants", estime Isabelle, mère divorcée d'un fils de 21 ans et d'une fille de 14 ans, qui bénéficie du dispositif de garantie contre les impayés de pension alimentaire (Gipa), depuis que le père de ses enfants ne lui verse plus la pension. 

"J'essaye d'épargner les enfants"

"Avant la séance, le moindre petit truc me rendait dingue. Je le disais et les enfants étaient impliqués à 100% dans le conflit", se souvient cette femme de 44 ans au visage déterminé, encadré par un long carré de cheveux noirs. "Maintenant, je ne leur dis plus quand je suis énervée et j'essaie de les épargner".

Après un divorce difficile avec un mari criblé de dettes, elle s'est rendue à une réunion "Parents après la séparation" pour demander des conseils juridiques et financiers, autre volet phare de ces rencontres. Grâce aux réponses d'une juriste, elle a déposé un dossier de surendettement, échappant ainsi à une situation de grande précarité. "Sans ce suivi de la CAF et ces conseils, je serais vraiment en galère", note Isabelle, qui a trouvé un emploi de déclarante en douanes, avant de poursuivre: "La prochaine étape, c'est me reconstruire moi"

(Source : AFP) 

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