Les habitants de Bourgogne-Franche-Comté vivent longtemps, soit 85 ans pour les femmes, 79,1 ans pour les hommes selon les données provisoires de 2024. Mais l’élan semble brisé. "Depuis 10 ans, l’espérance de vie stagne", constate l’Insee dans son étude rendue publique ce 4 novembre 2025. L’institut rappelle pourtant que la France avait connu une progression continue pendant des décennies : "un trimestre de vie gagné chaque année", grâce à l’amélioration de l’hygiène, la généralisation des vaccinations et les avancées médicales. Aujourd’hui, ces progrès sont désormais acquis, mais de nouvelles menaces émergent : sédentarité, stress, alimentation déséquilibrée, pollution et canicules.
Une région un peu en retrait face à la moyenne nationale
La Bourgogne-Franche-Comté reste légèrement en deçà du niveau national. "L’espérance de vie est un peu inférieure au niveau national", souligne l’Insee, ajoutant qu’à âge et sexe égal, "les Bourguignons-Francs-Comtois sont davantage pris en charge pour les principales pathologies" et "davantage touchés par la mortalité”. Autrement dit, la population tombe plus souvent malade et décède un peu plus tôt que la moyenne française.
Des pathologies plus fréquentes
Les données issues du Système national d’information interrégimes de l’assurance maladie (SNIIRAM) montrent une région plus exposée aux maladies chroniques. Hypertension, diabète, troubles du rythme cardiaque, anxiété ou hypercholestérolémie : toutes ces pathologies sont "davantage prises en charge" dans la région qu’ailleurs en France. Quatre d’entre elles concernent directement l’appareil circulatoire, selon l’Insee.
Une mortalité plus élevée, notamment avant 75 ans
La Bourgogne-Franche-Comté paie aussi un tribut plus lourd à la mortalité. "À âge égal, les Bourguignons-Francs-Comtois tendent à décéder 2,8 % plus qu’en moyenne nationale", indique l’étude. Et avant 75 ans, l’écart s’accentue : la mortalité prématurée est 4,3 % plus élevée. Les causes sont bien identifiées : "une structure sociale de la population régionale moins favorisée", associée à "plus de consommation d’alcool et de tabac, une alimentation déséquilibrée, la sédentarité, l’obésité et un moindre recours aux soins".
Tabac et alcool, un poids toujours lourd
Ces deux facteurs restent majeurs dans la surmortalité régionale. "Un tiers des décès prématurés sont dus au tabac ou à l’alcool", précise l’étude, soit environ 2.060 décès par an liés au tabac et 1.120 à l’alcool.
À âge égal, la région enregistre une surmortalité de +11 % pour le tabac et +16 % pour l’alcool par rapport au reste du pays. Pourtant, la tendance s’inverse lentement : "La mortalité prématurée baisse, mais son recul est moins rapide désormais."
Les politiques publiques ont contribué à ce mouvement, rappelle l’Insee : "Depuis des années, une lutte active est menée contre la consommation au travers des lois : interdiction de fumer dans les lieux publics, paquet neutre, hausse des prix, limitation de la publicité, campagne “Mois sans tabac”…" Résultat tangible : -35 % en six ans pour les quantités de tabac vendues par les buralistes.
Des écarts marqués selon les territoires
Les inégalités territoriales demeurent fortes. La mortalité prématurée est plus de 20 % plus fréquente dans la Nièvre et l’Yonne, précisent les auteurs de l’étude, citant les données de l’Inserm et de l’ORS. Ces départements comptent une population plus âgée et socialement plus fragile, deux facteurs qui aggravent les risques de santé.
Autre tendance de fond : le vieillissement démographique. Le nombre de personnes âgées de 75 ans et plus augmenterait fortement dans les 20 années à venir. Une évolution qui, selon l’Insee, posera des défis majeurs pour le système de santé, notamment en matière de prévention, de dépendance et d’accès aux soins.
"Un état de santé plus dégradé"
En conclusion, l’Institut résume : "Après avoir fortement augmenté, l’espérance de vie à la naissance stagne. Elle est inférieure d’environ un an dans la région. À âge égal, davantage de patients sont pris en charge pour les principales pathologies et la mortalité est plus forte, surtout celle avant 75 ans, en particulier celle due au tabac et à l’alcool."
