En difficulté financière, la boutique Goodiiz du centre-ville lance une cagnotte en ligne

Irving Sarrazin, gérant de la boutique Goodiiz, a lancé un appel à l’aide le 3 octobre dernier sur les réseaux sociaux pour tenter de sauver son commerce situé au 79 grande rue à Besançon. La raison ? 6.000€ de TVA réclamés "au pire moment" par l’Urssaf au gérant qui, face à un manque de trésorerie, ne voit d’autre solution que de demander de l’aide via une cagnotte en ligne

© Élodie R.

Pour le gérant, c’est un cumul de plusieurs choses qui l’a amené à cette situation. Manque de trésorerie, moins de passage dans sa boutique, peu de clients réguliers et des "quiproquos comptables qui font que l’Urssaf me réclame aujourd’hui un énorme somme qu’on ne peut pas sortir". Cette "forte somme" qu’on lui demande de régler "en une fois" s'élève à 6.000€ mais "peut monter jusqu’à 11.000€ sur le trimestre" et intervient, selon Irving, à la "pire période". Un coup dur pour cette petite entreprise de deux ans qui fait généralement sa trésorerie "quand arrivent novembre/décembre et les achats de Noël".

Il assure que ses "loyers et fournisseurs sont à jour" et que les projets pour tenter de faire vivre la boutique comme "un vrai site e-commerce" sont en cours. Mais celui-ci pourrait ne jamais voir le jour. Alors, de la même manière que l’avait fait la librairie Réservoir Books, le gérant a donc mis en place une cagnotte en ligne via un lien summup, qui permet de "dégager rapidement une trésorerie" afin de pouvoir payer rapidement la somme demandée.

Une cagnotte pour "me donner de l'air"

La cagnotte a déjà atteint les 2.000€ ce qui représente un bon début. Pour Irving, celle-ci "peut sauver le magasin" et lui permettrait surtout "de me donner de l’air". Mais, il incite surtout les gens à revoir leurs habitudes de consommation. "Il y a un effort à faire de ce côté-là, en pensant par exemple à d’abord aller voir en magasin avant de passer par internet" ou encore de privilégier "la qualité de ce qui est vendu plutôt que de faire une grosse commande Shein". 

Impuissant face à ce "dénivellement de la consommation par le bas", Irving évoque aussi parmi les difficultés rencontrées la concurrence d’internet "qui existe depuis 20 ans" mais également la visibilité qu’elle exige. "Aujourd’hui, il faut être présent en ligne, c’est une obligation. Avant il suffisait d’ouvrir la porte, maintenant si on ne poste pas 5 posts sur Instagram par jour, si on ne rappelle pas tous les jours qu’on est là, on voit de moins en moins de monde". 

La peur de la journée à zéro euro

Conscient que "le commerce a changé ces dernières années", le gérant assure ne pas être le seul commerce en difficulté du centre-ville. Il évoque également la "vie chère", un "segment du centre-ville moins attractif" (entre la place du 8 septembre et Granvelle) ou encore "une conjoncture actuelle", tout cela "crée de grosses difficultés pour les commerces indépendants". 

Après sa démarche, Irving s’attend à des critiques, "beaucoup pourraient dire "il faut mieux gérer votre entreprise". Ces gens-là, je les invite à ouvrir leur propre entreprise car c’est facile de critiquer". Le gérant insiste également sur un point que l’on sous-estime souvent, "celle de la santé mentale" qui est parfois "mise à rude épreuve" chez les commerçants. Quand une telle situation se produit "on en prend quand même un coup", nous confie Irving qui se désole de la situation "la boîte est en déficit alors qu’on fait 60h par semaine dans nos magasins". Évoquant la "peur de la journée à zéro euro", le gérant insiste "beaucoup de choses pourraient être mises en place pour favoriser les joyaux du centre-ville, ce n’est pas une fois qu’ils seront fermés qu’il faudra réagir".

© Cassandre B.
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