La situation du CHU Besançon vue par son nouveau directeur Thierry Gamond-Rius

Arrivé en début d’année au CHU de Besançon après un parcours qu’il qualifie lui-même de "classique", le nouveau directeur général Thierry Gamond-Rius a tenu ce lundi 28 août sa première conférence de presse. À l’ordre du jour, les difficultés de recrutement, l'attractivité et de nouveaux projets.

Thierry Gamond-Rius, directeur CHU Besançon © Élodie R.

Le nouveau directeur n’entend pas bouleverser le fonctionnement de l’hôpital bisontin mais plutôt de "continuer à offrir les meilleurs soins à l’ensemble des Grands Bisontins et des Francs-Comtois" même si "ce n’est pas toujours facile". En cause, les difficultés de recrutement, "une réalité" reconnaît volontiers Thierry Gamond-Rius qui explique que l’établissement fait face depuis un ou deux ans et pour quelques années encore, "à des vagues de départs à la retraite qui sont liées aux grosses promotions des années 80".

"Je compte m’appuyer comme l’on fait mes prédécesseurs et comme la gouvernance de l’établissement le fait depuis toujours sur une excellence de soins sur l’établissement, une recherche d’excellent niveau".

Le problème de recrutement n’est donc pour lui, pas lié uniquement au problème d’attractivité de l’établissement ou de l’hôpital public en général, mais surtout au fait qu’il y a, à ce jour, plus de départs en retraite. D’autant plus que, "de ce que j’ai compris et de ce que j’ai vu, les Bisontins et les Francs-Comtois sont plutôt attachés à leur ville et quand on réussit à former sur place on a plus de chance qu’ailleurs de voir les agents restés". Il salue d’ailleurs, la mobilisation des équipes de l’établissement durant la crise du covid. Depuis l’Ouest où il était en poste au groupe hospitalier de Bretagne Sud, il avoue avoir suivi "avec une vraie angoisse ce qui se passait dans l’Est". Une mobilisation dont "ces équipes doivent être fiers malgré une expérience forcément traumatisante" qui a d’ailleurs conduit, comme partout en France, à des départs vers le privé.

La problématique démographique actuelle a ainsi, faute de personnel, contraint le CHU à fermer des lits notamment durant l’été en raison des congés estivaux. À ce jour, l’établissement compte encore 150 lits fermés. 

"On est dans une dynamique de progrès"

En plus des difficultés de recrutement, s’ajoutent les remplacements des absents, augmentant de ce fait, la charge de travail pour les équipes en place. Mais le directeur se veut optimiste, "on est dans une dynamique de progrès". Sur les trois dernières années "les recrutements sont chaque année plus importants". Dès cet automne l’établissement pourra ainsi rouvrir une vingtaine de lits en gériatrie et augmenter également les capacités d’accueil en psychiatrie.

À la question du nombre de postes encore à pourvoir aujourd’hui au CHU, Thierry gamond-Rius peine à donner une réponse précise mais reconnaît qu’il reste "encore à une centaine de postes à pourvoir". Depuis janvier 2023, l'établissement a effectué 150 recrutements d’infirmiers, 57 d’aides-soignants, 11 d’auxiliaires de puériculture.

Autre problème soulevé par le directeur, les jeunes sont davantage mobiles et de plus en plus attachés à une forme d’éthique de leur pratique. L’hôpital public a de ce fait, "des atouts à faire valoir en réponse à cette volonté des jeunes générations d’avoir un travail qui réponde à une forme d’éthique et engagement personnel et pas uniquement lié au mode de rémunération". 

Recentrer les urgences sur leur activité

Thierry Gamond-Rius entend essayer de fluidifier le mode de fonctionnement de l’établissement public notamment grâce à un travail de coopération avec la médecine de ville ou encore les EHPAD. Cela dans le but de solutionner l'un des problèmes de saturation des urgences, dont les lits sont souvent réquisitionnés pour des soins gériatriques. L'objectif serait donc "de créer des liens pour mettre en place une forme de réseau afin de faire en sorte que les personnes qui viennent aux urgences nécessitent vraiment une prise en charge par un urgentiste et pas par un généraliste".

Une autre piste de réflexion abordée par le directeur est celle de la mise en place de "postes partagés" sur les activités de recourt qui viserait à combler une partie du manque de soignants sur la région. Une stratégie que le CHU va tenter de développer avec les autres établissements comtois de taille moins importante. Cette collaboration permettrait d'après le directeur de "prendre en charge au plus près des bassins de population avec la même qualité qu’au CHU, ce qui lui permet de rester sur ses missions de recourt et de pointe".

Outre ces problématiques, l'établissement a pour objectif de retrouver son attractivité chirurgicale d’avant covid et mise pour cela sur l’acquisition de nouveaux équipements. La restructuration de la tour Minjoz est également en cours tout comme les deux futurs projets immobiliers : les services de psychiatrie seront réintégrés d'ici 2926 aux Hauts de Chazal et un nouveau centre d’enseignement et de soins dentaires pour la rentrée universitaire 2024.

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