Laye Fodé Traoré a repris le travail ce matin : “Quand on a gagné ce combat, c’était comme si je venais de naître”

Après plus de deux semaines d’arrêt de sa formation, Laye Fodé Traoré, menacé d’expulsion fin décembre, a repris le travail à 4 heures du matin à la Huche à pain avec son patron Stéphane Ravacley ce mardi 19 janvier.

Laye Fodé Traoré et Stéphane Ravacley ©Alexane Alfaro ©

Pour Laye, que nous avons rencontré ce mardi matin, le sourire aux lèvres, sa régularisation officielle est comme une renaissance :"Quand on a gagné ce combat, c'était comme si je venais de naître". Le jeune homme est très ému par le soutien sans faille de son patron, Stéphane Ravacley. Il nous confie : "Il a mis sa santé en danger pour moi, je trouve ça beaucoup beaucoup trop pour moi, je ne pensais pas pouvoir rencontrer quelqu'un qui pourrait mettre sa santé en danger pour moi". Aujourd'hui, Laye  n'a plus qu'un objectif en tête : terminer sa formation et passer son CAP Boulangerie en juin prochain.

Laye Fodé Traoré a appris jeudi sa régularisation par la préfecture de la Haute-Saône, département où il est domicilié, après la double légalisation de son état-civil par les autorités guinéennes.

L'autorité préfectorale a également pris en compte "son parcours d'intégration jusqu'alors exemplaire" et "ses perspectives d'insertion professionnelle", à savoir une formation complète auprès du boulanger bisontin qui s'est offert de l'embaucher ensuite.

Son maître de stage, Stéphane Ravacley, avait entamé une grève de la faim dix jours auparavant pour protester contre son expulsion annoncée. Victime d'un malaise, l'artisan de 50 ans à la santé fragile avait brièvement été hospitalisé.

"Quelle joie de se lever quand on sait que le gamin est revenu", s'est-il réjoui. "Il a vraiment sa place dans mon fournil, il l'a retrouvé comme s'il ne l'avait jamais quitté". "J'aime ce travail que j'ai aujourd'hui. Le patron, il m'a donné l'amour de la boulangerie, il m'a expliqué le métier comme il faut, j'avais besoin de ça", a encore confié le jeune homme, qui n'avait "jamais touché une pâte avant".

"Dans la vie, il faut se battre. C'est important le travail, je ne veux pas finir à mendier dans la rue, moi je préfère aller au boulot", a poursuivi l'orphelin guinéen. Emu, les larmes aux yeux, il s'est dit très "reconnaissant" envers Stéphane Ravacley, qui a "mis en danger sa vie" pour lui.

Stéphane Ravacley ne s'arrête pas là...

Le premier combat de Stéphane Ravacley qui était de faire régulariser la situation de son apprenti guinéen Laye Fodé Traoré a été gagné. Aujourd'hui, il souhaite enchainer avec un nouveau combat pour défendre les jeunes migrants comme Laye afin qu'ils ne soient pas expulsés alors qu'ils suivent une formation en France. Avec le député européen Raphaël Glucksmann, ils souhaitent proposer un texte de loi à l'Union européenne.

(Avec AFP)

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