Le Frac Franche-Comté explore la mémoire sahraouie avec Abdessamad El Montassir…

VIDÉO LONG FORMAT • Jusqu’au 1er mars 2026, le Frac Franche-Comté à Besançon consacre une exposition monographique à l’artiste marocain Abdessamad El Montassir, intitulée Une pierre sous la langue. Cette exposition, dont la commissaire est Sylvie Zavatta, directrice du Frac, réunit des œuvres créées entre 2021 et 2024, ainsi que des pièces inédites réalisées lors de la résidence de l’artiste à la Villa Médicis, dans le cadre de la bourse Fondation Louis Roederer.

Al Amakine - Installation photographique et pièce sonore - Abdessamad El Montassir © Alexane Alfaro

Né en 1989 à Boujdour, dans le Sahara du sud marocain, et aujourd’hui installé à Lons-le-Saunier, Abdessamad El Montassir développe depuis 2015 un travail mêlant installations sonores, filmiques et photographiques. Son œuvre explore l’histoire récente et ancestrale de sa région d’origine, marquée par des blessures occultées et des mémoires effacées.

À travers des films comme Galb’Echaouf (2021), il recueille des fragments de mémoire volontairement enfouis. Des témoins, parfois réduits au silence, évoquent des souvenirs partiels d’une histoire collective fragmentée. Face à ces silences humains, l’artiste accorde une place centrale aux plantes et aux paysages désertiques, perçus comme gardiens d’une mémoire invisible.

Abdessamad El Montassir © Alexane Alfaro

Le titre de l’exposition renvoie à un poème sahraoui selon lequel il faut placer une pierre sous la langue pour oublier, puis la jeter vers le soleil pour se souvenir. Cette image poétique éclaire le travail de l’artiste, qui s’attache à rendre visibles des formes de mémoire enfouies dans le monde végétal.

Parmi les œuvres présentées, la pièce sonore Al Amakine (2020), conçue avec Matthieu Guillin, utilise les sons internes de la plante sahraouie daghmous et des poèmes en hassanya pour restituer une mémoire souterraine. D’autres installations, telles que Sadra Kodia, s’appuient sur des chants d’orientation ancestraux et des images d’acacias, proposant une immersion poétique et sensorielle. Selon le Frac, ces œuvres racontent "la vie des anonymes ici invisibles, leur histoire, les événements qu’ils ont vécus, les violences qu’ils ont subies, mais aussi leurs croyances et leurs coutumes".

Autour de l'exposition... encore un peu de poésie

En parallèle, le public pourra découvrir le travail de la Franco-Colombienne Carolina Fonseca, résidente aux Ateliers Vauban de Besançon, qui présente Je rumeur, nous vacarme. Ses sculptures hybrides, souvent activées par la performance, explorent la mémoire et les liens entre humains, animaux et végétaux.

Caroline Fonseca © Alexane Alfaro

Le parcours se complète avec une œuvre de l’artiste australienne Angelica Mesiti, issue de la collection du Frac : The Swarming Song. Dans cette installation sonore, quatre voix de femmes interprètent une partition du compositeur et apiculteur Charles Butler, inspirée du "piping", le son émis par la reine des abeilles avant l’essaimage. Cette parenthèse poétique invite le public à une écoute attentive et méditative, au rez-de-chaussée du Frac.

"The Swarming Song" - Angelica Mesiti © Alexane Alfaro

Infos pratiques

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