Moins de jeunes, plus de distance… la Bourgogne-Franche-Comté vieillit et se disperse

Selon une étude publiée par l’Insee Bourgogne-Franche-Comté le 14 octobre 2025, la région compte 348.300 jeunes âgés de 18 à 29 ans en 2022, soit 12,4 % de sa population, un niveau inférieur à la moyenne nationale (13,8 %).

© Élodie R.

Les auteurs de l’étude, Nicolas Bourgain et David Brion, constatent que le nombre de jeunes adultes a diminué de 28 % en 40 ans. Cette évolution s’explique principalement par le recul de la natalité au fil du temps et par la diminution du nombre de femmes de 20 à 39 ans, dont la fécondité est la plus élevée.

L’Insee anticipe une légère reprise temporaire : ”si les tendances démographiques se poursuivent, le nombre de jeunes adultes pourrait repartir légèrement à la hausse jusqu’en 2030, en lien avec la plus forte natalité du début des années 2000.” Cependant, la baisse reprendrait ensuite, avec de 2 à 7 % de jeunes en moins qu’actuellement à l’horizon 2040.

Une jeunesse mobile en quête d’opportunités

Le recul du nombre de jeunes adultes est également lié à leur mobilité. Chaque année, environ 1.600 jeunes quittent la région sans être remplacés. Ces départs surviennent majoritairement au moment de l’entrée dans l’enseignement supérieur. ”Un quart des néo-bacheliers qui poursuit ses études, le fait en dehors de la région”, indique l’étude. 

Les principales destinations sont Lyon, Strasbourg ou Paris, souvent pour intégrer des cursus spécifiques ou des établissements réputés.

La proportion d’étudiants diminue rapidement après 18 ans : 62 % des jeunes de 18 ans sont étudiants contre seulement 12 % à 23 ans. À l’inverse, près de huit sur dix ont un emploi à 29 ans. L’Insee souligne toutefois que 68.200 jeunes adultes ne sont ni en études ni en emploi, et qu’"un jeune sur cinq a au mieux le brevet des collèges comme niveau de diplôme”, ce qui limite fortement leur insertion professionnelle.

L’autonomie résidentielle progresse avec l’âge : 64 % des jeunes de 18 ans vivent chez leurs parents alors que 86 % des 29 ans ont un logement indépendant. L’étude note qu’”à l’approche de la trentaine, 10 % vivent encore chez leurs parents, un phénomène en hausse de 1,7 point en 11 ans”.

Des jeunes ruraux plus éloignés des services essentiels

L’accès aux services constitue un autre enjeu pour la jeunesse régionale. En moyenne, ”les jeunes adultes se trouvent à 10 minutes en voiture des équipements et services dont ils ont le plus besoin”, regroupés dans ce que l’Insee appelle le panier Jeunes. Les distances varient fortement selon le lieu de résidence : dans les espaces ruraux, le temps d’accès moyen atteint 24 minutes pour les 10.000 jeunes adultes qui habitent dans le milieu rural à habitat très dispersé. À titre de comparaison, les seniors de ces zones ne résident qu’à 14 minutes en moyenne du panier Seniors.

Certains territoires apparaissent particulièrement défavorisés. Dans la communauté de communes de Tannay-Brinon-Corbigny (Nièvre), les jeunes sont ”les plus éloignés des équipements du panier Jeunes avec un temps d’accès moyen de 36 minutes”.

Les auteurs résument : dans les zones peu denses, ”les services destinés a priori aux jeunes sont plus difficiles à atteindre qu’ailleurs”, tandis que ”les seniors accèdent en revanche plus vite aux services qui leur sont nécessaires”.

Une jeunesse en transition, entre départs et difficultés d’accès

L’étude conclut que la période des 18-29 ans demeure une période transitoire vers l’indépendance, marquée à la fois par la mobilité géographique, l’entrée progressive dans l’emploi et les contraintes d’accès aux services dans les territoires ruraux.

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