Prison du coeur : le conseil municipal de Saint-Julien-sur-Suran donne son feu vert

Alors que 54 % des votants se sont opposés au projet dimanche lors d’un référendum consultatif, le conseil municipal de Saint-Julien-sur-Suran dans le Jura s’est prononcé mardi soir pour l’implantation sur ses terres de la prison expérimentale conçue par l’ex-homme d’affaires Pierre Botton. 

Dimanche dernier, les électeurs de cette petite commune du massif jurassien avaient voté à 54% contre ce projet lors d'un référendum consultatif. 251 des 312 habitants du village inscrits sur les listes électorales s'étaient déplacés pour participer au vote.

"une campagne scandaleuse de dénonciation du projet"

Mais le conseil municipal a voté mardi en faveur du projet à sept voix contre quatre. "Aujourd'hui, le monde carcéral a un peu évolué avec un territoire rural qui dit +oui nous voulons participer à un un projet de réinsertion", a déclaré la conseillère générale (UMP) Hélène Pélissard, artisan du projet. "Les conseillers municipaux ont écouté les 14 maires du canton, sur 15, qui avaient donné leur accord, considérant ce magnifique projet humain comme structurant pour le territoire. Ils ont aussi estimé que les habitants avaient été trompés par une campagne scandaleuse de dénonciation du projet", a-t-elle ajouté.

 "Nous sommes très déçus que les conseillers n'aient pas tenu compte de l'avis de la population", a déclaré  Janine Keser, secrétaire de l'association "Petite montagne espace de liberté", créée pour lutter contre le projet.

Pierre Botton s'était réjoui dimanche de la part importante (46%) des habitants de la commune qui s'étaient exprimés en faveur du projet. "Il n'y a pas un village en France dont les habitants voteraient oui à l'implantation d'une prison", avait il dit. Le projet évalué à environ 10 millions d'euros a été critiqué par le Syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNDP) et le syndicat Ufap-Unsa Justice.

En décembre 2011, le site de Saint-Julien-sur-Suran a été retenu pour accueillir le projet de l'association "Les Prisons du coeur" fondée par Pierre Botton. Ex-gendre de l'ancien député-maire de Lyon Michel Noir, il a fait 20 mois de prison dans les années 1990 pour abus de biens sociaux.

120 détenus auront la clé de leur cellule

L'établissement est destiné à 120 détenus condamnés pour la première fois à des peines n'excédant pas cinq ans, "hors crimes sexuels et crimes de sang". Ils pourraient travailler dans un centre commercial adjacent, ouvert au public, et au sein de l'établissement. Les détenus auront la clé de leurs cellules, qui seront sans barreaux. Au sein de la prison, il n'y aura ni quartier disciplinaire, ni "grillage ni barbelé", à l'exception de la double paroi grillagée qui entourera le centre.

 (Source AFP)

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