Réaction de la maire de Besançon, Anne Vignot (EELV)
"Nous avons hissé ce drapeau palestinien parce qu’à Gaza et en Cisjordanie, un peuple est massacré.
Plus d’1 million de personnes, dont des femmes et des enfants, sont assiégées, déplacées, piégées dans des zones où l’accès à la nourriture, à l’eau, aux soins, est insuffisant et insécurisé et même parfois inexistant.
C’est au nom de l’humanisme et de la dignité humaine que nous avons hissé ce drapeau.
Aujourd’hui, le tribunal administratif a rendu sa décision et nous demande de l’enlever. Nous allons le faire. Nous respectons la loi. Nous enlèverons le drapeau samedi 28 juin 2025 à 14 h 30.
Je reste choquée quant à cette décision.
Et inquiète de sur ce qu’elle révèle : la dénonciation d’un massacre, le soutien à un peuple affamé et sous les bombes n’est donc plus une cause qui nous rassemble sous la bannière de la République ?
Alors même que le président de la république s’apprête à reconnaitre l’Etat de Palestine, en déclarant que ce n’est « pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique ».
Alors qu’il affirme, concernant le blocus humanitaire à Gaza que c’était, je cite, « un scandale » et une « honte ». Alors qu’il a appelé à un cessez-le-feu et à la libération des otages israéliens.
Alors que la France a ratifié le droit international humanitaire, qui est totalement bafoué à Gaza.
Malgré tout cela, la décision du tribunal nous dit que nous rompons le principe de neutralité.
Ce qui veut dire que nous ne nous reconnaissons pas tous derrière la dénonciation de cette horreur."
Réaction d’Hasni Alem, président du groupe des élus, communistes et républicains de la ville de Besançon
"La décision rendue par le tribunal administratif de Besançon nous impose d’ôter le drapeau palestinien de l’hôtel de ville. Cette exigence est indigne. Elle révèle, une fois de plus, ce double standard qui ronge nos principes et abîme l’idéal républicain.
Nous avons hissé ce drapeau non par provocation, mais par devoir. À Gaza et en Cisjordanie, un peuple est soumis à une violence inouïe : des civils, des femmes, des enfants, privés de nourriture, d’eau, de soins, assiégés et déplacés, subissent chaque jour l’horreur. Face à cette tragédie, notre humanité commande de ne pas détourner le regard. C’est en conscience, au nom de la dignité humaine, que nous avons choisi ce geste.
Aujourd’hui, la justice nous intime de renoncer à ce symbole de solidarité. Elle nous enjoint au silence, au nom d’une neutralité qui n’a jamais été appliquée avec la même rigueur. Car dans le même temps, la France affiche sans réserve son soutien à d’autres peuples en souffrance. Pourquoi la cause palestinienne serait-elle la seule à devoir se taire ? Pourquoi la compassion serait-elle à géométrie variable ?
Cette décision n’est pas seulement une erreur de droit, elle est une faute morale. Elle nie la réalité du massacre, elle refuse à la République le droit de dénoncer l’injustice. Elle nous place devant un choix impossible : respecter la loi ou renoncer à l’humanisme.
Nous nous conformerons à la décision, car nous respectons les institutions. Mais nous ne pouvons accepter que la dénonciation de l’oppression devienne suspecte, que la solidarité soit entravée, que la République se détourne de sa vocation universelle.
Le jour où le drapeau palestinien sera retiré, alors que celui de l’Ukraine continuera de flotter, la France affichera au grand jour cette inégalité de traitement. Deux peuples, deux tragédies, mais une seule compassion autorisée. C’est une blessure pour notre pays, une faillite de nos valeurs, une indignité qui restera dans l’histoire.
Face à cette injustice, nous ne nous tairons pas. Parce que l’humanisme ne se négocie pas. Parce que la France ne peut être grande que lorsqu’elle est juste."
Réaction de Séverine Vézies, membre de la coordination nationale de LFI, co-cheffe de file LFI pour l’élection municipale 2026 à Besançon
"Suite au recours du préfet du Doubs à la demande du député L. Croizier et du représentant local de la droite extrémisée L. Fagaut, le tribunal administratif a ordonné que le drapeau palestinien soit retiré des mâts de la mairie de Besançon.
C’est un crachat adressé aux palestinien·nes, victimes d’un génocide.
L’argument de la neutralité des services publics justifierait ce retrait.
Ce drapeau flotte aux côtés du drapeau ukrainien en solidarité avec les peuples agressés. Pourquoi ce deux poids deux mesures ?
On nous rétorque que la Palestine n’est pas un État reconnu par la France. C’est bien là un énième problème dans la politique internationale de Macron ! Macron parle mais ne fait rien pour arrêter l’impunité dont jouissent Netanyahou et son gouvernement génocidaire. Le droit international est bafoué à tous les niveaux et la France brasse de l’air.
Macron et ses alliés sont en rupture totale avec notre positionnement historique en soutien au peuple palestinien victime de la colonisation, appelant au respect du droit international.
En faisant ce recours, la macronie et ses soutiens souhaitent déplacer cette question sur le plan juridique. Or, c’est une question éminemment politique avant d’être juridique. En faisant ce recours, c’est leur choix de nier le génocide et le calvaire des gazaouis que les macronistes veulent dissimuler. Leurs larmes de crocodiles qui accompagnent leurs positionnements n’est qu’hypocrisie.
Plus de 55 000 morts à Gaza dont près de 16 000 enfants. 129 880 personnes ont été blessées, dont 34 173 enfants. 95 % des écoles ont été endommagées. Selon le dernier rapport du Cadre Intégré de Classification de la sécurité alimentaire (IPC), 470 000 personnes à Gaza sont confrontées à des conditions de famine (phase 5 de l’IPC) et l’ensemble de la population souffre d’une insécurité alimentaire aiguë.
A l’heure où j’écris ces lignes, c’est le bilan effroyable de la catastrophe humanitaire qui se joue à Gaza. Derrière ces chiffres, ce sont des vies humaines qui s’éteignent, des corps décharnés par la faim, des corps amputés. 1 enfant palestinien meurt toutes les 40 minutes.
« C’est la vie même qui est anéantie dans la bande de Gaza » résume le directeur régional de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
Hisser le drapeau palestinien au fronton de nos mairies n’est certes qu’un geste symbolique mais ô combien important !
Lundi, j’ai envoyé à un ami palestinien qui habite dans le camp d’Aqabat Jaber en Cisjordanie (camp de réfugié jumelé avec Besançon) la vidéo de la cérémonie d’installation du drapeau palestinien dans le ciel bisontin. J’ai senti son émotion et sa gratitude pour ce geste.
Ce geste symbolique, c’est affirmer notre solidarité. C’est affirmer notre humanité.
Même cela, ils le refusent aux gazaouis qui meurent chaque minute.
J’ai honte pour mon pays."
Réaction de Laurent Croizier (MoDem), député du Doubs
"La justice ordonne à la maire de Besançon de retirer le drapeau palestinien.
J’avais saisi le préfet du Doubs au nom du respect des valeurs républicaines et de la neutralité des institutions. La justice a tranché. La maire de Besançon devra retirer le drapeau palestinien hissé sur le parvis de la mairie.
Le tribunal administratif a estimé que cet acte « manifestait la revendication d’une opinion politique et qu’une atteinte grave avait ainsi été portée au principe de neutralité des services publics. »
Ce geste n’était pas un geste d’unité. Il a profondément divisé les Bisontins.
Il a d’autant plus choqué qu’aucun mot n’a été prononcé en mémoire des victimes du pire massacre antisémite de notre histoire depuis la Shoah, commis par les terroristes du Hamas le 7 octobre 2023.
Jamais les militants de la paix ne hiérarchisent les souffrances. Le conflit israélo-palestinien est une tragédie et un drame humanitaire. Chaque vie perdue, chaque famille palestinienne et israélienne endeuillée, est une blessure qui ne devrait jamais être instrumentalisée.
Un geste humaniste, eut été d'apposer, côte à côte, les drapeaux palestinien et israélien.
La dignité n'est pas de choisir un camp mais de refuser la haine, d’exiger le respect du droit international.
Notre devoir est d'appeler à la paix, non d'importer le conflit à Besançon."