‘Se battre pour la laïcité ce n’est pas être islamophobe’ selon Bernard Ravet de passage à Besançon…

Chef d’établissement pendant douze ans dans des collèges en Zone d’éducation prioritaire dans les quartiers nord de Marseille, Bernard Ravet s’est déplacé à Besançon lundi 4 juin 2018 pour donner une conférence sur son livre Principal de collège ou imam de la République (éd. Kero). Organisée par l’association Licra25, Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, la rencontre s’est déroulée au Kursaal où près d’une centaine de personnes ont fait le déplacement. Pour lui, « se battre pour la laïcité ce n’est pas être islamophobe ». Rencontre… 


Bernard Ravet, « principal de collège ou imam de la République » from maCommune.info on Vimeo.

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maCommune.info : Pourquoi avoir choisi ce titre "Principal de collège ou imam de la République" ? 

Bernard Ravet : "Ce qui est important pour moi, c'est le "ou" et le point d'interrogation. C'est un peu le livre du doute. Quand j'ai écrit ce livre, j'ai douté de ce qu'était le métier que j'ai exercé pendant douze ans. J'ai été confronté à des situations particulièrement difficiles. C'est pourquoi je consacre un chapitre sur le rôle de principal de collège ou directeur d'une ONG pédagogique face à la difficulté sociale. Dans mon dernier chapitre, je me demande si je ne passe pas plus de temps à défendre les valeurs de la République plutôt qu'administrer un établissement scolaire. 

Quand des parents contestait l'organisation de l'établissement, ou les règles que nous avions prises, j'utilisais l'expression d'"Imam de la République". Je leur disais "Ici, on doit respecter les enseignants, on est un peu comme à la mosquée, mais la république n'a pas de religion. C'est égalité, liberté, fraternité. Ici, un peu comme à la mosquée, c'est moi l'imam". 

maCommune.info : Qu'avez-vous voulu mettre en avant dans ce livre ?

Bernard Ravet : "Ce livre couvre une période de 1999 à 2012. C'est une période où le religieux reprend de l'intérêt pour les habitants. Pour les familles et les élèves, c'est souvent quelque chose qui répond à un problème d'identité. L'école depuis 1905 n'était pas préparée à s'opposer au fait que des élèves veuillent amener à l'intérieur de l'école leurs convictions. Les revendications sont ensuite plus précises comme refuser certaines approches de contenu théorique tel que le darwinisme, la contestation de la Shoah. 

Le jour où tout bascule pour moi, c'est en 2004 ou un jeune arrive avec un petit livre qui dit qu'il faut couper la main du voleur et lapider la femme qui trompe son mari. Ce petit livre a été distribué dans une mosquée d'un surveillant du collège qui serait aujourd'hui fiché S.  J'ai eu une vraie prise de conscience qui fait que je ne peux plus me taire".

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