Subventions en chute libre pour les associations : le président de Aides Bourgogne Franche-Comté, dénonce “un sentiment de trahison”

TÉMOIGNAGE • Président de Aides Région Pores d’Europe (Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est, Hauts-de-France) et vice-président national de Aides, Emmanuel Bodoignet a livré ce mercredi 8 octobre lors d’une conférence de presse du Mouvement des associations de Bourgogne Franche-Comté un témoignage marquant sur la situation de l’organisation qui représente, confrontée à une chute brutale de ses financements.

© Aides

"Les crises, ce n’est pas ce qui nous fait peur", a-t-il rappelé. "Notre association est née de la crise et de la pandémie du VIH-Sida en 1984. Nous avons toujours été réactifs, c’est d’ailleurs pour cela que nous avons reçu l’agrément d’utilité publique en 1990."

Aides compte 50 implantations en France et Outre-Mer, 500 salarié·e·s et 2.000 bénévoles, pour un budget passé de 50 à 48 millions d’euros récemment. En Bourgogne-Franche-Comté, l’association dispose de 9 salarié·e·s et 200 bénévoles, mais plusieurs antennes sont déjà fermées ou menacées : Nevers a fermé, Haute-Saône et Belfort sont à l’arrêt, le Jura pourrait suivre. Seules Dijon et Besançon résistent encore.

Emmanuel Bodoignet © Aides

Un enchaînement de coupes budgétaires

M. Bodoignet a décrit une succession de décisions ministérielles ayant fragilisé l’association :

"Nous avons réduit nos charges de 2 millions d’euros en 18 mois, validé par la Cour des comptes, mais l’État nous demande aujourd’hui de faire plus avec beaucoup moins d’argent", a-t-il dénoncé.

Face à ces contraintes, Aides a voté un plan social fin septembre dernier : entre 10 et 100 licenciements sont envisagés. "Je ne m’attendais pas, en tant que vice-président, à devoir annoncer un plan de licenciement. Pour nous, c’est vraiment un sentiment de trahison."

"Un cri d’alerte" pour la santé publique

Le président régional a exprimé sa vive inquiétude : "On accompagne des personnes vulnérables, séropositives, migrantes, consommatrices de drogue… On sort d’une pandémie mondiale et on sait que d’autres viendront. Et maintenant, on fragilise les associations de santé !"

Pour lui, l’État se désengage des missions qu’il avait lui-même confiées aux associations : "Nous contribuons largement aux politiques publiques, mais nous sommes abandonnés par les mêmes pouvoirs publics qui nous ont délégué ces missions."

Screenshot © Aides

Des mobilisations prévues dans toute la région

Le Mouvement associatif appelle à des rassemblements régionaux pour défendre le monde associatif :

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