À ce jour en France, 142 femmes ont été victimes de féminicides en France. "Cela représente un décès tous les deux jours", a commenté la présidente de Solidarité Femmes Besançon, Eva Bonnenkant qui s’inquiète de voir les chiffres sur les violences conjugales "repartir à la hausse". En 2024, le nombre de victimes de violences conjugales est "légèrement en hausse" avec plus de 272.000 victimes enregistrées par les autorités. Les femmes représentent une très large majorité et en sachant que seulement une femme sur six victimes de violences conjugales dépose plainte, le nombre réel de victimes est donc largement sous-estimé. "Ce n’est pas une photographie précise et pourtant ces chiffres restent déjà énormes", a ajouté la présidente.
Des événements autour de la journée du 25 novembre
Cette hausse vient saper quelque peu le moral des troupes car malgré les dispositifs existants, "on ne sent pas d’évolution des choses" se désole Eva Bronnenkant qui relativise toutefois : "Je ne sais pas si les chiffres augmentent réellement au niveau des violences mais en tout cas les femmes en parlent plus facilement car les médias en parlent et il y a de la prévention, mais il y a des freins qui restent encore là et sur lesquels il faut continuer de travailler".
C’est pour cette raison qu’elle estime qu’il "est important encore de se mobiliser". En ce sens, une manifestation aura lieu le 25 novembre à 15h esplanade des Droits de l’Homme à Besançon à l’occasion de la journée internationale de l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Bien d’autres événements autour de cette journée seront également seront répartis sur plusieurs semaines. (Programme complet à retrouver prochainement sur maCommune.info). La présidente a d’ailleurs insisté sur le fait que si cette journée restait très importante, le combat lui, demeurait "quotidien".
L’impact des violences conjugales sur les enfants
Les jeunes ne sont pas épargnés, les violences psychologiques sont pour eux "omniprésentes", a martelé la présidente, y compris sous forme de cyberharcèlement où le chantage affectif est légion. D’après les chiffres du 3919, environ 22.000 enfants seraient victimes de violences conjugales, "mais on estime en réalité le nombre de victimes à 150.000 enfants par an", a rapporté Eva Broennenkant. Il est donc pour elle "indispensable de prendre en compte cette question-là et de les accompagner" et souhaiterait la création d’un "pôle spécialisé sur l’accompagnement des enfants" qui nécessitent pour cela des financements comme nous l’explique Eva Bronnenkant dans notre vidéo.
La présidente a également pointé du doigt les "attaques croissantes sur les associations qui défendent les droits des femmes" sans trop s’étendre sur le sujet puisqu’à ce titre, un communiqué national de Solidarité Femme sortira le 25 novembre 2025.
Quelques chiffres concernant le 3919
Le 3919 est la ligne d’écoute nationale gratuite et anonyme destinée aux femmes victimes de violences conjugales.
- En 2024, les appels au 3919 ont dépassé les 100.000 appelants.
- 14% des femmes victime de violences conjugales rapportent au 3919 avoir été menacées de mort au moment des faits.
- 30% des appels pour violences conjugales concernent des violences post séparation.
- 82% des appelantes ont témoigné des conséquences des violences conjugales sur leur santé. L’OMS estime en moyenne qu’elles souffrent en moyenne de 60% de problèmes de santé supplémentaires et qu’elles perdent en moyenne jusqu’à 4 années de vie en bonne santé. Cela traduit "un impact énorme sur la santé des femmes victimes de violences", a souligné Eva Bronnenkant. Les femmes qui appellent au 3919 dénoncent par ailleurs les conséquences sociales, économiques et administratives des violences qu’elles subissent.
- 75% des appelantes sont mères. Pour elles, 98% de leurs enfants subissent des violences directes et 50% déclarent des violences directes.
- 84 % des appelantes ont cité la peur, l’angoisse, l’anxiété et le stress comme principales conséquences des violences sur leurs enfants.
- 42% des appelantes ont décelé une perte d’estime de soi et un sentiment de culpabilité chez leurs enfants. 33% ont décelé des signes de dépression, de lassitude et de fatigue chez les enfants.
L’association Solidarité Femmes Besançon vit actuellement ses derniers mois dans ses locaux de la rue des Roses à Besançon. Elle déménagera au printemps 2026 dans la future maison des femmes rue Jean-Wyrsch, qui permettra de centraliser les accompagnements, nous explique une fois encore Eva Bronenenkant en vidéo.
Info +
- Dans le cadre de ces actions, et avant son entrée au sein de la maison des femmes pour l’égalité de Besançon prévue en 2026, Solidarité femmes Besançon ouvrira pour la dernière fois les portes de sa maison située au 15 rue des roses le vendredi 28 novembre dès 9h pour une journée "Portes ouvertes". Ce sera l’occasion pour le collectif de présenter au public ses locaux, son histoire, mais aussi ses missions et son accompagnement des femmes et enfants victimes de violences conjugales.
