Grève SNCF : Manuel Valls exclut tout report de l’examen de la réforme ferroviaire

Le Premier ministre Manuel Valls a exclu ce lundi 16 juin de reporter l’examen de la réforme ferroviaire et affirmé que la grève des cheminots CGT et SUD Rail n’était « pas utile et pas responsable ». Alors que le débat sur la réforme commence mardi à l’Assemblée nationale, les cheminots poursuivent ce lundi, premier jour de bac, leur mouvement de grève pour le 6e jour consécutif, entraînant de fortes perturbations de trafic.

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"Il y a nécessité d'une grande réforme, elle est attendue par la SNCF et par les cheminots eux-mêmes et cette réforme maintient évidemment le statut des cheminots", a-t-il assuré. Selon le chef du gouvernement, "cette réforme est indispensable et le débat aura lieu" comme prévu à partir de mardi.

Tout en se défendant d'être "un briseur de grève", Manuel Valls a "regretté profondément que cette grève continue". "On n'en voit pas le sens alors que le dialogue est maintenu et que la porte du gouvernement reste ouverte". Le Premier ministre estime que "des avancées ont été obtenues par la CFDT et l'Unsa", qui ont signé avec le secrétaire d'Etat aux Transports Frédéric Cuvillier.

Manuel Valls a aussi dénoncé "le comportement inadmissible" de certains grévistes dans plusieurs dépôts. Malgré les appels pressants à reprendre le travail, les cheminots continuent leur grève et aucune sortie de crise ne s'esquisse avant le débat parlementaire.

Luc Chatel, secrétaire général intérimaire de l'UMP, avait demandé un peu plus tôt lundi, à contrepied de plusieurs responsables de son parti, le retrait de la réforme ferroviaire. Sur RTL, l'ancien ministre de l'Education a vu dans le conflit social une "prise d'otages indigne" des élèves, mais a demandé au gouvernement de retirer sa réforme "parce que c'est un mauvais texte" et parce qu'il y a "une crise dans le pays qui va jusqu'à la désorganisation de l'examen le plus important pour les jeunes Français".

"Le bac, c'est sacré dans notre pays", a fait valoir le député de Haute-Marne. "C'est un symbole qui mérite l'union nationale". A propos des cheminots, il a dénoncé "des comportements inacceptables". Interrogé sur la position des parlementaires UMP face au projet de loi regroupant RFF (réseaux) et la SNCF (trafic), il a répondu : "nous ne la voterons pas", "nous pensons que c'est une mauvaise réforme" qui "ne prépare pas l'arrivée de la concurrence".

"Je demande au gouvernement de le retirer" vu qu'il "s'agit d'un texte qui va dans la mauvaise direction, et qui est un retour en arrière", a dit Luc Chatel. Il va donc dans le sens de la CGT ? "Pour des raisons différentes, la CGT elle, était favorable à ce texte pour des raisons conservatrices", selon lui.

Plusieurs voix à l'UMP

Plusieurs ténors de l'UMP avaient pris une position différente : la droite doit avoir "une attitude responsable" et "ne pas compliquer la tâche du gouvernement", a ainsi exhorté le député Hervé Mariton. "Je demande" au gouvernement "de ne pas reculer" face "aux grévistes jusqu'aux-boutistes", a renchéri l'ancien ministre Xavier Bertrand.

Interrogé sur cette requête du secrétaire général de l'UMP, le Premier ministre a commenté : "Voilà une position bien étrange au moment ou il y a une grève qui pénalise les usagers, qui peut pénaliser les bacheliers, même s'il y a une mobilisation exceptionnelle de l'Education nationale, mais aussi de la SNCF".

"Cette proposition de Luc Chatel n'est pas responsable", a insisté Manuel Valls. "Nous sommes dans un moment particulier pour le pays, on a besoin de responsabilité. le gouvernement n'est pas fermé, il n'est pas obtus, il écoute, il dialogue (...) dans la majorité comme dans l'opposition, on doit se comporter avec responsabilité".

Le coût de la grève estimé à 80 millions d'euros

Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a de son côté estimé lundi à 80 millions d'euros le coût de la grève contre la réforme ferroviaire alors qu'une partie des cheminots poursuit le mouvement social pour une sixième journée consécutive. "Il y a d'une part le coût lié aux trains qui ne circulent pas", a expliqué sur RMC Guillaume Pépy, chiffrant le manque à gagner en termes de recettes "entre 40 et 50 millions d'euros".

S'y ajoute l'indemnisation exceptionnelle pour les abonnés au train dévoilée vendredi, sous la forme d'une réduction de 20% sur le prix du coupon mensuel en juillet. "Et si par malheur, la grève continuait, elle passerait à 33%, soit un tiers de réduction du prix du billet", a-t-il indiqué. Cette indemnisation va coûter "une trentaine de millions d'euros" à la compagnie ferroviaire, détaille son président. "Donc, le coût global atteint déjà 80 millions d'euros", assure-t-il.

La réforme ferroviaire vise à stabiliser la dette du secteur ferroviaire (44 milliards d'euros) et à préparer son ouverture totale à la concurrence. Pour cela, elle prévoit de regrouper la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), qui gère le réseau.

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