Réforme des retraites : les avocats durcissent leur grève

Face au « silence » du gouvernement, les représentants des avocats se disent déterminés à défendre leur régime autonome et appellent à durcir la grève dans les tribunaux à partir du lundi 6 janvier 2020.

illustration ©Alexane Alfaro ©

  "Notre position, c'est + Non + au régime universel. Notre régime autonome a fait ses preuves depuis plus de 50 ans", affirme Christiane Féral-Schuhl, présidente du Conseil national des barreaux (CNB), qui représente les 70.000 avocats français.

La situation semble bloquée entre le gouvernement et la profession.

La dernière rencontre avec la ministre de la Justice Nicole Belloubet et Jean-Paul Delevoye, alors haut-commissaire aux Retraites, remonte au 23 octobre, déplore le CNB."Notre porte reste ouverte", assure la Chancellerie. "Le ministère de la Justice a proposé au CNB de les recevoir avant les vacances de Noël mais ces derniers, qui sont à ce jour dans une ligne de refus de la réforme en refusant d'intégrer le régime universel, ont décliné".

"Le gouvernement n'entend que les professions qui bloquent la France"Christiane Féral-Schuhl, présidente du Conseil national des barreaux (CNB).

"Nous sommes prêts à négocier dans le cadre du régime autonome", rétorque Christiane Féral-Schuhl, pour qui la profession d'avocats est "l'une des grandes perdantes" de la réforme. Les représentants des avocats ont envoyé vendredi une lettre ouverte à Nicole Belloubet: la grève "se nourrit de votre silence lorsqu'il s'agit de défendre notre profession", ont-ils écrit.

"Le gouvernement n'entend que les professions qui bloquent la France. Nous allons nous faire entendre en désorganisant la mécanique judiciaire", menace la présidente du CNB.

La profession se défend d'être un régime spécial: les avocats cotisent à une caisse qui s'autofinance. "Notre caisse est solidaire car nous versons tous les ans autour de 100 millions d'euros aux régimes déficitaires", souligne Christiane Féral-Schuhl.

"L'universalité a volé en éclat !"

"Notre système est vertueux car excédentaire, égalitaire et solidaire", vante Estellia Araez, présidente du Syndicat des avocats de France (SAF). A la retraite, les avocats perçoivent actuellement au minimum 1.416 euros par mois, met-elle en avant. Après la réforme, ce montant tomberait à 1.000 euros, alors que les cotisations doubleraient, passant de 14 à 28 % pour ceux qui gagnent moins de 40.000 euros par an.

"Cela va se répercuter sur nos honoraires", prévient la syndicaliste. Le salaire médian des avocats, une profession avec de gros écarts de revenus, s'élève à 44.000 euros. "Les jeunes avocats vont le plus pâtir de la réforme. L'impact économique n'est pas gérable", affirme la présidente du CNB.

Le régime universel crée "une inégalité très forte pour les indépendants", qui devraient cotiser comme les salariés, sans pour autant avoir les congés payés, les 35 heures, les indemnités chômage, etc.

"On nous a vendu un régime universel, mais selon qui crie le plus fort, des régimes vont être conservés", s'emporte Estellia Araez, qui cite les pilotes de ligne et les policiers. "L'universalité a volé en éclats ! On se demande si le gouvernement ne se moque pas de nous quand on voit ce que d'autres ont obtenu".

(Avec AFP)

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